TIMBRES PASSION – MOULINS...
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Dernières flammes avant la Libération
Mai 44 : mise en service au bureau de Paris VIII d’une nouvelle flamme « Secours national, barrage national contre la misère ». Une pièce plutôt courante (valeur 100 F environ). Beaucoup plus rares : les mêmes flammes utilisées dans quelques villes de province : Vannes (ici, 2500F) mais aussi Rennes, Bordeaux, Orléans, Troyes-gare, Bayonne, Nancy RP, Laval RP. La plus recherchée : celle du Pré-Saint-Gervais (valeur 5000 F). Elle n’a servi que deux jours.
Le spectre de la cinquième colonne
Mythe ou réalité ? Pendant la drôle de guerre, la France imagine l’espion allemand partout :
»En temps de guerre, tout est secret d’Etat ». On recense ainsi plusieurs flammes de l’époque
invitant les populations à la discrétion et à la méfiance vis-à-vis des inconnus.
Des sous, des sous
Toujours pendant la drôle de guerre, quatre flammes sur le même thème : la souscription pour les bons d’armement. L’argent, nerf de la guerre… La Poste participait abondamment à la propagande pour ces dons volontaires : de telles flammes sont tout à fait courantes.
Initiatives locales
Plus rares aujourd’hui : deux marques de propagande pour les bons d’armement
à usage local. La première est une empreinte mécanique du Crédit Lyonnais de Bar-le-Duc,
qui invitait ses clients à souscrire par l’intermédiaire de ses agences. La seconde est une marque privée
de Clermont-de-l’Hérault, petite ville de 5000 habitants, sans doute dépourvue à l’époque de flamme officielle.
Même situation à Troyes où, faute de flamme, on a utilisé une vignette. Tricolore bien sûr.
La marine et l’Empire toujours debout
C’étaient les deux grandes fiertés du régime de Vichy, dans les années 40-42. La Marine, invaincue pendant la campagne de 1940, désarmée après l’armistice mais toujours intacte, pour l’essentiel, en rade de Toulon. L’Empire colonial, grignoté peu à peu par la France Libre mais pendant un temps fidèle au « Maréchal ». Tout cela jusqu’à la fin de 1942,quand la flotte française se saborde à Toulon, avant l’invasion allemande, et quand les Alliés débarquent en Afrique du Nord. C’en est fini alors de cette flamme, retirée précipitamment en décembre 42.C’était la seule empreinte patriotique mise en service dès 1939 qui ait survécu à la défaite de 40.
Disparues aussi, avec l’année 42, ces flammes consacrées à la Semaine de la France d’Outre-mer et à la Quinzaine impériale, grandes messes pétainistes à la gloire de l’Empire français.
… c’est l’aviation. Apposées par une machine Flier (empreinte rectangulaire)
ou Krag (lignes ondulées à Brest et Saint-Malo),ces fières flammes de propagande n’ont pas survécu à l’écrasement de l’armée de l’Air française par la Luftwaffe, en 1940.
Exception confirmant la règle : une empreinte du même modèle réapparue…
en 1949 à Lourdes (ici sur carte postale). De là à crier au miracle…
« Economisez le papier »
Tout manquait pendant la guerre, le papier en particulier. Non seulement les flammes incitaient à l’économiser, mais elles suggéraient aussi de réutiliser les enveloppes en les retournant, ou même de s’en passer pour le courrier courant, en pliant les lettres comme au siècle précédent. Politiquement innocentes, ces flammes ont continué à servir après la Libération. La pénurie n’a pas cessé avec les combats…
Sauvées de l’interdiction
On connaît une vingtaine de flammes publicitaires qui ont échappé à l’interdiction –
et sont donc très recherchées. Ici : une Daguin de Challes, ville de cure en Savoie.
Beaucoup moins innocente, cette flamme « Aimez, protégez le pigeon voyageur, serviteur du pays« .
Comment l’oiseau-espion a-t-il pu passer entre les mailles de la censure allemande? Mystère…
Pub interdite
Fin 1940, les Allemands demandent aux PTI de retirer toutes les flammes et Daguin en service jusqu’alors, à l’exception de quelques flammes de propagande (neutres, bien sûr). L’occupant exige en particulier la suppression des empreintes touristiques, estimant sans doute que la promotion des voyages d’agrément n’était pas de circonstance. D’où ces flammes rabotées, en partie ou en totalité : Biarritz (Côte basque, reine des plages, toutes saisons) ; Tulle (Centre du tourisme) en Corrèze ; Rodez (Visitez Rodez, sa cathédrale, ses panoramas).
Grandeur et décadence de la légion pétainiste
Parmi les flammes autorisées : celles qui véhiculaient la propagande officielle du gouvernement de Vichy. La Légion des combattants s’affiche ainsi à plusieurs reprises, à l’occasion de son premier anniversaire, en 1941, puis du second. Cette organisation d’anciens combattants de la Grande guerre, dévouée toute entière au culte de son président, le maréchal Pétain, est alors très populaire. Pas de flammes, en revanche, pour la Légion des Volontaires Français contre le bolchévisme, dont l’enrôlement aux côtés des Allemands faisait moins bon effet.
Ci-dessus, deux pièces plus rares que les flammes standard : une empreinte locale de machine à affranchir (Avignon) et une marque utilisée seulement dans quelques villes pour le troisième anniversaire de la Légion, en 1943. Le vent est alors en train de tourner pour le régime de Vichy. Les Allemands ont rompu l’armistice en envahissant la zone libre. Pétain s’est refusé à partir pour l’Afrique du Nord libérée. Son prestige décline, celui de « sa » Légion aussi…
Censure
»Aidez les combattants et les patriotes » : le message est intact sur la lettre d’Oran, qui n’a pas quitté l’Afrique du Nord. Il est maculé sur celle d’Alger, expédiée en franchise par le Gouverneur général d’Algérie. Avant de parvenir à destination en Suisse, elle a été contrôlée à la fois par la censure anglaise et allemande. Cette dernière a laissé passer le pli… mais pas le slogan gaulliste.
Daguin gaullistes Outre-Mer
Dans les colonies comme en métropole, les Daguin ont été interdits à la fin de 1940.
Le débarquement allié en Afrique du Nord marque le retour des fameuses empreintes carrées.
Avec ces deux slogans patriotiques, que l’on trouve en Algérie, en Tunisie, au Maroc, au Sénégal et en Guinée.
La France libérée change de flammes. Symbole des premiers temps de la Libération : cette publicité pour un film américain, Young Tom Edison. Trois bureaux utilisateurs: Paris VIII (rue La Boétie), Paris XV (rue d’Alleray) et Paris IX (rue Hippolyte Lebas).
Moins futiles : les flammes de l’après-guerre qui menaient bataille contre la hausse des prix et pour la reprise de la production. Quant à « l’Entre’aide française », c’était l’équivalent après la Libération du Secours national des années Pétain.
Paru dans Timbroscopie n° 83 – Septembre 1991