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Une

Elle est omniprésente dans notre vie quotidienne. Depuis vingt ans, elle l’a même profondément bouleversée. L’informatique devait nécessairement recevoir l’hommage de la philatélie. Et des thématistes. Ingénieur chez Bull, à Belfort, Michel Landrieu est l’un d’eux. C’est sa collection que nous vous invitons à parcourir.

Quel est le point commun entre tous ces personnages : Ada Byron, fille du grand poète anglais Lord Byron, Jules Verne, le facteur d’orgues italien Barberi et Joseph-Marie Jacquard, l’inventeur du métier à tisser ? La réponse est insolite. Tous, à des degrés divers, peuvent être considérés comme des précurseurs de l’informatique.

Ainsi, Ada Byron, au début du XIXe siècle, publia une étude théorique dans laquelle elle créait le concept des sous­programmes. C’est en son honneur qu’un langage de programmation porte son nom, le langage ADA. Jules Verne, quant à lui, a décrit dans une nouvelle futuriste un « piano-compteur-électrique » qui ressemble étonnamment à un ordinateur. Quant à Barberi, inventeur de l’orgue… de Barbarie, il est du même coup le père de la carte perforée, système repris par Jacquard dans ses métiers à tisser.

Mais on peut remonter beaucoup plus loin dans le temps avec les timbres, grâce à la première machine à calculer, construite en bois par l’Allemand Wilhelm Schickard en 1623, et même jusqu’au IXe siècle avec le savant arabe AI-Khawarizmi, dont le nom a servi à forger le terme d’algorithme.

Mais aussi prestigieux soient-ils, les précurseurs ne sauraient éclipser les vraies vedettes d’une thématique sur l’informatique, les timbres traitant tous les aspects de l’ordinateur, son fonctionnement, ses développements, son industrie.

 Philatélie et découverte

Et là, une première surprise. Il y a peu de timbres se rapportant directement à l’informatique, à peine une trentaine.

Deuxième surprise, les géants de l’informatique (Etats-Unis, Japon, Grande­Bretagne, France) ne sont pas les principaux pays émetteurs. Inversement, la RDA, la Côte-d’Ivoire, Israël, la République Dominicaine, la Chine, l’Algérie, Cuba, la Bulgarie, la Roumanie et le Portugal ont émis des timbres représentant des ordinateurs. La seule exception notable nous vient de l’Italie, qui a honoré, en 1986, son constructeur n° 1 Olivetti, dans une série sur l’industrie transalpine.

Cette pauvreté relative impose donc au thématiste d’élargir ses recherches au fonctionnement de l’ordinateur et à toutes ses applications. Ainsi, la CAO (conception assistée par ordinateur), qui a remplacé la planche à dessin dans tous les domaines de l’industrie est à l’honneur en Irlande et dans l’ile de Grenade, qui l’a habilement mêlée au centenaire de la statue de la Liberté. La lecture directe de documents, le code à barres, devenu courant sur tous les produits de grande consommation, les réseaux informatiques, la fibre optique sont autant de secteurs d’activité que la philatélie n’a pas oubliés. Elle prend ainsi date des progrès de la technologie, en illustrant chaque nouvelle découverte.

Parfois même, l’informatique se met au service du timbre, en participant à sa conception. Ce sont les vignettes bulgares, polonaises ou canadiennes utilisant des images de synthèse, ou encore le portrait de la reine Béatrix des Pays­-Bas réalisé à partir d’un ordinateur. Et c’est toujours aux Pays-Bas que l’informatique permet la fabrication de timbres infalsifiables. Ils sont élaborés à partir d’une table traçante, contrôlés par un ordinateur analogique, avant d’être fabriqués selon la technique d’impression des billets de banque. Adieu la fraude…

Voilà peut-être de quoi réconcilier les philatélistes intransigeants qui pestent contre l’ordinateur dès qu’ils reçoivent une lettre porteuse d’un affranchissement informatisé ! Suggérons-leur simplement, à ces puristes, de trouver là une nouvelle source d’inspiration thématique.

 Une thématique à tiroirs

Ils pourront néanmoins se consoler en étendant leur collection aux nombreux tirages spéciaux, enveloppes, affranchissements particuliers ou cachets temporaires liés aux innombrables Salons et congrès qui jalonnent chaque année le monde informatique, et dont le célèbre Sicob n’est que la partie émergée de l’iceberg. Ainsi, tous les grands constructeurs, d’IBM à Bull, en passant par NCR et Nixdorf ont leur propre flamme.

Quant aux Salons, leur prolifération permet aisément de remplir des pages d’album. Et si tout cela ne suffit pas au mordu d’informatique philatélique, il est même possible de créer, comme l’a fait Michel Landrieu, une collection originale et très personnalisée.

Au bout du compte, nous sommes loin des quelque trente timbres se rapportant directement à l’ordinateur. Il s’agit là d’une véritable thématique à tiroirs qui peut se révéler extrêmement riche. Et si l’on n’y prend garde, une telle collection peut très bien nécessiter…. une gestion informatisée ! Quel plaisir pour son heureux propriétaire !

 Le pionnier de l’informatique européenne

PionnierSur ce souvenir : l’oblitération du 50e anniversaire de la mort de Bull.

En1922, le Norvégien Frederik Rosing Bull, conseiller d’une compagnie d’assurances, conçoit et fabrique une tabulatrice imprimante et une trieuse : c’est­à-dire l’une des toutes premières machines à cartes perforées. Il revend dix ans plus tard ses brevets à une société papetière française, qui trouve dans les nouvelles cartes à trous, un moyen astucieux d’écouler sa production de carton. De cette rencontre naît la Compagnie des machines Bull, devenue aujourd’hui le premier constructeur français et européen de matériel informatique.

Lointains précurseurs

PrecurseursLe savant Al Khawarizmi donne son nom aux algorithmes ; Jacquard utilise des cartes perforées dans ses métiers à tisser ; Jules Verne imagine un « piano­compteur-électrique », dans une nouvelle intitulée la Journée d’un journaliste américain en 2889.

 Chocs historiques

ChocsHiéroglyphes, manuscrit et lettre ancienne face aux nouvelles technologies de traitement de l’information : une confrontation organisée en Grande­Bretagne, au Brésil et en Allemagne fédérale.

 Lecture automatique

LectureUne des applications de l’informatique : la lecture automatique d’informations codées. Dès 1970, la Suisse utilisait la technique de la lecture des marques graphitées pour le dépouillement d’un recensement.

Beaucoup plus récent, la lecture des codes-barre. Utilisé dans un supermarché (ce que montre le timbre anglais), le système permet à un ordinateur central d’établir le ticket de caisse et de gérer simultanément les stocks.

Timbres et images de synthèse

SynthesesLes images artificielles, créées grâce à la digitalisation des signaux électriques ont déjà envahi les écrans de télévision. Et gagnent aussi les timbres. Le mathématicien polonais Sierpinski, un joueur de tennis (timbre de RFA), un skieur (Canada) et la reine Béatrix des Pays-Bas apparaissent ainsi en images de synthèse.

 Technique anti-fraude

anti-fraudeBien avant les images de synthèse, les Pays-Bas créaient, en 1970, cette étonnante série, à base de dessins réalisés par ordinateur. On a utilisé ici la technique déjà employée pour les fonds de sûreté des billets de banques hollandais. Le graphisme, établi sur table traçante pilotée par un ordinateur Cora 1, est d’une telle régularité qu’il en devient infalsifiable. A moins qu’un Sperati des temps modernes…

 L’informatique à l’école

EcoleOn en a beaucoup parlé en France il y a quelques années, quand l’ordinateur a fait son entrée dans les salles de classe. Mais c’est la Tunisie qui y consacre un timbre en 1986 (« Introduction de l’informatique dans l’enseignement »). En 1988, les Antilles néerlandaises mettent aussi en scène un enfant devant un écran.

 Le handicap contourné

HandicapTerminal avec clavier adaptable en Braille ; ordinateur manipulé par une opératrice amputée des deux mains : deux timbres d’Inde et de la Grenade consacrés aux matériels conçus pour handicapés.

 L’Italie fait sa pub

ItalieSeul timbre consacré explicitement à un fabricant de matériel : cette émission italienne, à la gloire de la marque nationale Olivetti.

 Interconnexion

InterconnexionLe câble, puis le satellite et les fibres optiques : les timbres évoquent les techniques grâce auxquelles les ordinateurs s’interconnectent et s’organisent en réseaux.

 Les télécartes aussi

Telecarte« L’informaphile » ne peut pas ne pas intégrer dans sa collection au moins une télécarte, surtout si celle-ci vante les mérites de « l’ordinateur à laver » ! Avec ou sans slogan de ce type, une télécarte doit sa présence dans la thématique à son microprocesseur. C’est un Français, Roland Moreno, qui a inventé, en 1974,la « carte à puce », dont la télécarte est la principale application à grande échelle.

 Le tombeur du timbre?

TombeurCe sont des ordinateurs qui, à la Poste, débitent les empreintes d’affranchissement qui envahissent le courrier : force est donc de les accueillir dans cet album thématique. En choisissant de préférence des précurseurs, tels les premiers LSA (libre-service-affranchissement) mis en service au début des années 80, au Sicob en particulier.

Paru dans Timbroscopie n° 62 – Octobre 1989

 

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