Les oblitérations «Jour de l’an» France, Monaco, Andorre, Marcophilie

Une

Chacun de nous a rencontré sur les timbres-poste aux types «Sage», «Semeuse» et «Blanc» des annulations curieuses : chiffres dans un cercle, gros chiffres, ancre, à la place du timbre à date. Ce sont des oblitérations «Jour de l’an» (1).

01La fin du siècle dernier et au début de celui-ci il était de tradition de souhaiter ses vœux à tout un chacun. Cela grossissait considérablement le volume du courrier pendant une courte période.

Pour faire face aux centaines de milliers de plis ainsi déposés, la poste parisienne, essentiellement, embauchait du personnel de renfort chargé d’annuler les timbres-poste de ce courrier non urgent.

On utilisait pour cela tous les cachets en réserve disponibles, voire des timbres à date dont on supprimait souvent le bloc dateur, pour ne pas révéler que le délai d’acheminement pouvait être long.

Ainsi, les «Jour de l’an» ne sont pas forcément des «1er janvier».

Pendant cette période il existait un tarif préférentiel à 5 centimes qui s’appliquait à la carte postale ou à la carte de visite sous enveloppe ouverte ne comportant pas plus de cinq mots de correspondance manuscrite en plus de la signature.

L’un des plaisirs de la collection des «Jour de l’an» est l’identification, certaines pièces pouvant être soumises à discussion: «est-ce ou n’est-ce pas un « Jour de l’an »» ?

En principe plusieurs éléments doivent être réunis :

– Le support : une carte de vœux, une enveloppe carte de visite ou un entier enveloppe carte de visite.

– Le timbre : 5 centimes Sage, Semeuse ou Blanc.

– Le texte en rapport avec les vœux.

– L’oblitération : l’encre utilisée est noire, dans de rares cas elle peut être rouge ou bleue.

La période concernée par cette pratique est beaucoup plus large que celle habituellement admise puisque les plis vont de janvier 1877 à janvier 1924.

Trois grands types d’oblitérations sont rencontrés : les griffes d’annulation, les timbres à date et les oblitérations mécaniques.

Griffes d’annulation

Les griffes d’annulation se répartissent en confections artisanales, marques retirées du service, cachets de bureaux.

02-03Pour les confections artisanales on peut trouver des oblitérations «bouchon» semblables comme ici à certaines annulations suisses (2), des croix, des rosaces… Quelquefois on observe des cachets caviardés identiques au type 15 (3).

04-06Concernant les timbres (dans le sens d’oblitération) retirés du service entre 1850 et 1876, des grilles ont été signalées, sur timbres détachés uniquement, les losanges pleins de 64 points qui étaient normalement utilisés pour le courrier des colonies ont été retirés en 1876 (4). Le losange petit chiffre fut retiré en 1862 (5), le losange gros chiffre fut utilisé jusqu’en mars-avril 1876 : on le trouve ici sur un «Jour de l’an» précurseur du 1er janvier 1877 (6 et verso 6 bis).

07-09Les étoiles de Paris, qu’elles soient pleines ou évidées avec chiffre ou avec chiffre dans un évidement (7, 8, 9) furent utilisées comme les gros chiffres de 1862 à 1876.

10L’oblitération «ancre» servait sur les paquebots-Poste française de 1851 à 1876 pour annuler les timbres-poste des lettres venant des colonies ou de l’étranger, nous la retrouvons ici (10) plus de vingt-cinq ans plus tard sur cette petite lettre à l’affranchissement composé, 2 c et 3 c au type Blanc.

Pour les cachets de bureau :

11- Les timbres PP, en usage à partir de 1831, normalement ne servaient pas à oblitérer le courrier – ici sur une carte de Tunisie, ramenée d’un voyage (?), la Tunisie ayant ses propres timbres-poste depuis 1888 (11).

12-13-Les griffes linéaires de Paris et banlieue sont utilisées pour les envois recommandés à côté du timbre à date. Pour le département de la Seine, il existe plusieurs formes et plusieurs tailles (12). On peut aussi trouver «Paris» avec numéro de bureau central d’arrondissement en chiffres romains ou bureau d’arrondissement en chiffres arabes. La localisation du bureau peut être précisée comme sur ce timbre à date « Boulogne-­sur-Seine, boulevard de Strasbourg » (13).

Les timbres de facteurs parisiens apparus en 1901 sont souvent rencontrés sur les«Jours de l’an».

14Ceux en chiffres romains étaient réservés aux bureaux centraux d’arrondissement, ici pour une carte postale à destination de l’Angleterre (14).

15-16En chiffres arabes, ils correspondaient aux bureaux de quartier : il y en avait 120. Le petit trait sous le 6 permet de le différencier du 9 sur cette enveloppe provenant de la Chambre des députés. Dans quelques rares cas, l’encre utilisée est bleue ou violette (15 et 16).

Timbres à date

Nous retrouvons les différents timbres à date utilisés pendant cette période ; on a supprimé le bloc dateur pour que le délai d’acheminement n’apparaisse pas avec précision.

17-Timbre à date au type 17, le numéro du bureau Paris 33, boulevard de l’Hôpital (17), on peut rencontrer des cachets avec indication de service Paris chargement, affranchissement.

– Timbre à date réservé normalement aux imprimés : imprimés Paris PP 21 ou de banlieue : imprimés PP Aubervilliers.

18- Timbre à date au type 84 : L’indication du bureau d’arrondissement se fait en chiffres arabes : Paris 2, rue Milton (18), tandis que celle du bureau central d’arrondissement se fait en chiffres romains Paris XVII rue Jouffroy.

-Type 01 :

19-20Il fut utilisé à Paris mais aussi en province à partir de 1901, ici à Bordeaux (19 et 20 pour le verso) sur une lettre qui a été réexpédiée de Lautrec (Tarn) le 3 janvier 1907 et affranchie avec un 10 c (tarif de la lettre simple à partir du 16 avril 1906).

– Type 04 :

21Mis en service en 1904, il apparaît ici avec le cachet de bureau d’arrondissement de Paris 43, rue Littré (21). Il existe aussi en port payé de Paris et de province.

22- Timbres de levée exceptionnelle : timbre octogonal du bureau de la rue Milton (22).

23- Timbre hexagonal de la rue Sainte-­Anne, il ne s’agit pas d’une recette auxiliaire urbaine dans ce cas, car le numéro du bureau II aurait été suivi de la lettre de la recette (23).

24- Cachet de levée exceptionnelle de Saint-Etienne : pendant une vingtaine d’années, le timbre de levée exceptionnelle avec son bloc dateur a servi à oblitérer les cartes de vœux à Saint-Etienne. On a bien affaire à un «Jour de l’an» puisque le tarif est celui de la carte 5 mots et non celui de la levée exceptionnelle (24).

On rencontre aussi d’autres types de timbres à date tels que les ambulants, les télégraphiques et pneumatiques.

25Ici la carte est affranchie à 10 c et non à 30 c comme cela aurait dû être le cas pour une carte pneumatique (25).

Oblitérations mécaniques sans bloc dateur

Ces oblitérations sont issues des machines Krag de la 1ère génération à 7 barres horizontales. A titre d’exemple on peut trouver :

26- Cette carte de vœux expédiée du bureau de la rue Jouffroy. La machine fut en service de 1911 à 1914 (26).

27- Paris XIV distribution (27), machine utilisée de 1909 à 1912.

28- Paris RP départ (28), machine utilisée entre 1913 et 1915, elle a été taxée malgré son origine (Sénat) sans doute parce que le texte dépasse les 5 mots.

Si la première guerre mondiale a mis fin aux « Jour de l’an», aucun texte ne semble exister sur l’autorisation et la fin de cette pratique.

La collection des «Jour de l’an» fait partie d’un ensemble plus large : les oblitérations de fortune et non réglementaires.

L’un des attraits de cette collection est l’utilisation de la carte postale de vœux comme support. Certaines cartes ont un graphisme tout à fait exceptionnel, d’autres ont un petit côté «rétro» qui contraste avec l’aspect austère de bien des lettres classiques.

Autre intérêt de la collection : des découvertes restent encore à faire. Si le type Sage a été bien étudié, les Blanc et Semeuse sont moins connus. Beaucoup reste encore à découvrir pour un budget souvent raisonnable car, le plus souvent, le prix des «Jour de l’an» reste compris entre 50 et 500 francs.

Paru dans Le Monde des Philatélistes n° 538 – Mars 1999

Les oblitérations «Jour de l’an»
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Recent Comments

  1. dubuisson rene

    je fait une recherche sur les jour de l’an mais apres plusieur recherche je n’ai toujours pas trouve le lien entre les bureaux de poste (a partir du numero 108 )et leurs lieux surtout qu’ils ont une cote ex: 1= place de la bourse etc etc merci de me faire part de vos remarques

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