1970 : la fin des années noires France, Monaco, Andorre, Non classé, Période moderne

Une

Le début de « l’ère Pompidou » conserve – à tort ou à raison – le parfum d’une époque où Il faisait bon vivre. Les agitations de 1968 sont déjà loin, le choc pétrolier et ses conséquences économiques pas encore en vue. En 1970, la prospérité semble acquise, y compris pour les émissions de timbres dont la valeur faciale bat, cette année-là, une sorte de record. Autre record, dix-sept ans plus tard, c’est la cote qu’ils atteignent aujourd’hui.

Avec 45,90 F de valeur faciale pour l’ensemble des émissions françaises de l’année, 1970 dépasse largement les normes habituelles établies depuis 1960… Mais il faut reconnaître que, le seul timbre de Poste Aérienne, le 20 F Mermoz-Saint-Exupéry, représente presque la moitié de cette somme.
Avec 170 F de cote Yvert et 107 F Cérès 1988, 1970 franchit tout aussi largement la barre de 100 F de cote qu’aucune année complète ne dépasse depuis 1964. Cette année 1970 marque donc, philatéliquement parlant, le début de l’ère Pompidou, celle dont on se plait à dire qu’il y faisait bon vivre.
Tâche ingrate pour le ministre des Postes Robert Galley au mois de novembre 1969 : présenter le programme des émissions de 1970 dont l’essentiel a déjà été établi par son prédécesseur, Yves Guéna. Les 36 timbres largement commentés par le ministre trouvèrent un accueil favorable auprès des milieux philatéliques… Il est vrai que cette année 1970 est moins marquée par les timbres de guerre que la précédente, où il y en avait eu sept, pas moins.

01Pour les philatélistes, l’année nouvelle commence le 10 janvier: le 0,70 F « Alain Gerbault » (1) inaugure une nouvelle série destinée à promouvoir un sport qui connaît de plus en plus de succès en France : la voile. Notons au passage que ladite série s’interrompra en 1975…

02Si la gendarmerie est souvent décriée, personne ne dénie ses hautes compétences pour le sauvetage en mer, en montagne ou ailleurs. Elle méritait bien un timbre: voilà qui est fait (2).

03-06Le premier volet de la série « Célébrités » paraît le 14 février avec Louis Le Vau (3), Prosper Mérimée (4) et Philibert de l’Orme (5), trois nouveaux personnages qui n’ont pas encore eu les honneurs du timbre. En 1970, la France organise les 7e Championnats mondiaux de hand-ball, une excellente occasion pour timbrifier l’événement (6).

07Avant d’aborder la promotion des techniques nouvelles – un domaine cher à Robert Galley – on rendra un hommage tardif mais réel au vainqueur du Garigliano, le maréchal Juin, décédé trois ans plus tôt (7).

08Le 7 mars, paraît un timbre pour l’aérotrain dont une ligne expérimentale fonctionne dans la région d’Orléans (8), un nouveau moyen de transport sur lequel on fonde beaucoup d’espoirs, mais qui sera abandonné.

Pas le moindre cinquantenaire…

09-11La traditionnelle Journée du Timbre du 14 mars obtient un « Facteur » (9) dans la droite lignée de ce qui se pratique depuis 1966. Le 21 mars, Pelletier et Caventou découvreurs, entre autres, de la strychnine et « inventeurs » de la chlorophylle (10), ont droit à un joli grand format (il y en aura douze en 1970 contre onze en 1969). Le même jour, paraît un superbe « Flamant rose » (11), c’est le deuxième timbre, après le « Mouflon », a être consacré à la Nature.

12-16Le premier hors-programme de l’année sort le 28 mars : « Guyane, terre de l’Espace » (12). Il paraît trois semaines après le lancement réussi d’un satellite étranger par la fusée « Diamant B ». Ce timbre est suivi d’un second hors programme: « la Lutte contre le cancer » (13) émis conjointement avec la deuxième partie de la série des « Célébrités »: Edouard Branly (14), Maurice de Broglie (15) et Alexandre Dumas (16). Les amateurs de cinquantenaire ou de centenaire en sont pour leurs frais, Branly et de Broglie ne font pas partie de cette catégorie.

17-18Tout de suite après le changement des tarifs postaux étrangers du 1er mai, paraissent les « détestables Europa » ainsi que les qualifie le ministre (17-18). Il est même prêt à abandonner le sujet commun aux Europa si celui-ci continue d’être d’aussi mauvais goût (cet abandon sera effectif, mais progressivement).

19-20Le timbre de guerre, le premier de l’année, paraît le 8 mai. Le « 25e anniversaire de la signature de l’armistice » est personnifié par de Lattre (19). Le lendemain, c’est la sortie du premier timbre-tableau de l’année, le « Primitif de Savoie » (20).

21-22Le traditionnel « Congrès de la Fédération à Lens » (21) est suivi d’un hors programme original, qui marque le déménagement de l’Atelier du Timbre du boulevard Brune à Paris vers Périgueux (22). Un timbre courant avec vignette attenante, une idée qui sera reprise cette année pour le lancement de « Philexfrance 89″.

23-24Pour la série touristique qui paraît le 20 juin, ce sont les DOM qui sont à l’honneur : le « Rocher de Diamant » à la Martinique (23) et  »L’Ilet du Gosier » à la Guadeloupe (24). Et la Réunion, alors ? Elle n’a rien, mais n’oubliez pas qu’à l’époque, ce département dispose encore de ses propres timbres, ceux utilisés en France, mais surchargés en francs CFA.

25Revenons en métropole avec le troisième timbre de la série touristique: « l’Abbaye de Chancelade » (25). Les 0,95 F dont il est affublé n’ont aucune utilisation postale. Un changement de tarif était-il prévu ? Ou bien le timbre a-t-il été émis en retard ? Toujours est-il qu’il n’a pas beaucoup servi et qu’il est très bien coté oblitéré (d’époque bien sûr).

26-27Prévu au programme, le « 25e anniversaire de la Libération des camps de concentration » (26) est émis le 27 juin en même temps qu’un hors-programme pour les « Jeux mondiaux des handicapés » à Saint­Etienne (27).

28-29Le 4 juillet, au début des vacances, deux autres timbres-« l’Observatoire de Haute­Provence » (28) et la « Sculpture de Carpeaux » (29) – précèdent la trève estivale qui durera deux bons mois. Il faut bien cela car la rentrée va être coûteuse pour les philatélistes.

30-31Le 11 septembre paraît d’abord un modeste 0,45 F pour les « Championnats d’Athlétisme junior » (30), histoire de se mettre en jambes… avant la sortie du timbre de l’année, le 20 F PA Mermoz-Saint­Exupéry (31). C’est la première figurine de la nouvelle série pour la Poste Aérienne appelée à rem placer les Alouette et Caravelle dont le look devient vieillissant.

32-37

Les « Salines de Chaux » (32) paraissent le 26 septembre, c’est le cinquième hors­ programme de l’année. Robert Galley a dépassé le quota de quatre qu’il s’était fixé. L’émission du troisième timbre-tableau, le 1 F « Boucher » (33) a lieu en octobre en même temps que les trois figurines dédiées à l’histoire de France: « Richelieu » (34), « Louis XIV » (35) et la « Bataille de Fontenoy »(36). Cette série va être abandonnée a dit le ministre; ce sera effectif en 1973. Sixième et dernier hors-programme de l’année: le « 25e anniversaire du Machin » ainsi que le Général de Gaulle qualifiait l’ONU (37).

38-39Deux timbres rappelleront le centenaire de la guerre de 1870: tout d’abord le « Centenaire de l’émission de Bordeaux » (38) puis celui du « Siège de Belfort »(39). Notez que c’est le onzième timbre de 0,45 F émis cette année: il correspond au tarif de la lettre double (de 20 à 50 g) dans le régime intérieur. Les philatélistes s’en étonneront et le ministre justifiera ce nombre élevé de figurines par le fait qu’il est expédié mensuellement plus de trois millions d’objets à ce tarif.

40-42La fin de l’année, marquée par le décès du général de Gaulle, le 11 novembre, se terminera en douceur avec la parution du dernier tableau, la « Danseuse de Degas » (40) et les deux timbres Croix-Rouge (41-42) dédiés aux fresques de la « Chapelle de Dissay » dans la Vienne.

Que dire encore de cette année 1970 ? Du point de vue cotation, elle n’est pas encore arrivée à maturité: sa valeur faciale, 45,90 F ramenée en francs actuels correspond à peu près à 185 F. Sa cote n’est que de 220 F (y compris le PA à 20 F).

Les timbres qui la composent sont nettement orientés vers les thématiques: nul doute qu’un ou plusieurs d’entre-eux décolleront bien un jour… Pour l’heure, il faut rechercher plus particulièrement ceux-ci : lie carnet Croix-Rouge avec la variété d’inscription « Croix-Rouge » de 27 mm (au lieu de 32).

– Le coin-daté du 20 F de 1970.

– La paire de 20 F se tenant (émis uniquement en 1970 à Paris).

– Le 0,95 « Chancelade » sur lettre.

– Le 0,40 F « Cheffer » avec barres phosphorescentes sur lettres oblitérées de Clermont-Ferrand ou de sa région.

… De quoi agrémenter un millésime prometteur.

Paru dans Timbroscopie n° 44 – Février 1988

1970 : la fin des années noires
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