La part du lion dans la jungle des timbres Autres spécialités, Thématiques

Une

« Le lion et sa symbolique » : une collection qui fait rimer thématique et philatélie haut-de-gamme, et qui a valu à son auteur, Jean-Pierre Mangin, une médaille Grand Vermeil lors de sa première présentation en internationale, à Capex 87 (Toronto). En voici quelques extraits.

 Rendons au Sphinx…

01Pour ouvrir la collection, honneur au sphinx d’Egypte, la plus ancienne (et la plus gigantesque) des statues antiques à corps de lion. Avec ses cent-trente-six mètres de haut, le sphinx de Gizeh, construit trois mille ans avant Jésus-Christ, symbolisait à la fois la puissance du pharaon Khepren (il porte sa tête) et du dieu Soleil. Petit cousin du Sphinx, le lion de Babylone, encore debout aujourd’hui à cent soixante kilomètres de Bagdad, incarnait au IIe millénaire avant Jésus-Christ le rayonnement de la dynastie amorrhéenne, alors à son apogée en Mésopotamie.

 Du fauve au dragon…

02Lions d’Antioche (sur timbres émis en 1939 à Alexandrette, peu après que la France ait cédé ce protectorat à la Turquie) ; lion arabe face à un chacal, d’après une peinture du XIIIe siècle reproduite sur timbre libanais ; lions plus ou moins mâtinés de dragons (sur émissions de Singapour, de Ceylan et de Birmanie) : partie des rives de la Méditerranée, la symbolique du lion a gagné l’Orient, changeant de forme mais représentant toujours.la souveraineté suprême.

 Ils priaient Jésus, Jéhovah ou Mahomet…

03« Lion chrétien », emblème de l’évangéliste saint Marc puis de la ville de Venise, où le corps du martyr fut ramené d’Egypte; « lion musulman » de Perse, choisi par l’Iran au début du siècle comme emblème de ses sociétés de bienfaisance adhérant à la Ligue.de la Croix-Rouge ; « lion juif » sur les armoiries ou la « Porte aux lions » de Jérusalem : le roi des animaux mange à tous les rateliers confessionnels.

 Le roi des armoiries

04Dressé sur ses pattes de derrière, en position d’attaque, la patte antérieure dextre levée : telle est la position normale (dite curieusement « rampante ») du lion héraldique, très souvent utilisé comme « meuble » (objet représenté) dans les « écus » des armoiries. Pas étonnant, donc, qu’on le retrouve sur beaucoup de timbres classiques représentant les armes de diverses maisons royales ou princières.

Sélectionnés ici : le no 2 de Finlande ; un « Zemstvo » des Postes locales russes; un no 1 de Norvège (le lion est armé de la hache d’Olaf le Saint, roi Viking du XIe siècle)… et un modeste blason français, qui n’a pas grand chose à voir avec les raretés précédentes.

 Vainqueur à Waterloo

05Symbole de bravoure, le plus puissant des carnassiers ne perd jamais un combat. Ce qui lui a valu, de tout temps, l’indéfectible affection des artistes chargés d’immortaliser les victoires de leur pays respectif. Témoin, ce « Victory stamp » de Nouvelle­Zélande, émis à l’issue de la Première Guerre mondiale ; cet homologue belge, conçu à la fin de l’autre guerre mondiale, et cette flamme représentant le lion érigé sur la – morne – plaine de Waterloo, avec le bronze des canons pris aux Français…

Variétés de Bornéo

06Perchés au chef de l’écu, les lions ne sont pas faciles à identifier, sur ces timbres du Nord-Bornéo. Mais ils ont le privilège de figurer sur une belle variété classique : « One cent » glissé par erreur au milieu d’une feuille de 4 cent. Des timbres des années 1880, à l’époque où une compagnie privée administrait ce territoire pour le compte de la couronne britannique.

Le lion le plus célèbre de France

07Pas moins de trois timbres français où apparaît notre lion le plus célèbre : celui de Belfort, taillé à même le roc par Frédéric-­Auguste Bartholdi, en 1880, en souvenir de la défense héroïque de la ville lors de la guerre de 1870. Belfort avait résisté pendant cent-trois jours aux Prussiens, ce qui lui valut de rester française quand l’Alsace fut cédée à l’ennemi, en 1871.

Symbole patriotique entre tous, le lion apparaît d’abord sur la première série « Orphelins », pendant la Grande Guerre, puis en 1959 et en 1971, derrière les effigies de Bartholdi et de Denfert-Rochereau, le héros du siège qui a donné son nom à une place parisienne où l’on peut voir une réduction de la statue.

 Métamorphoses léonines

08Le lion de la constellation boréale; celui du signe zodiacal ; de la monnaie bulgare (« lev » signifie « lion ») encore en usage aujourd’hui; le phoque à crinière, alias lion de mer : autant d’avatars du fauve dont les représentations philatéliques se devaient de figurer dans la thématique. A côté, par exemple, de tous les personnages célèbres aux prénoms léonins (les Gambetta, Blum, Tolstoï…) ou, plus terre à terre, des flammes publicitaires associant l’animal à des enseignes commerciales.

 

Paru dans Timbroscopie n° 44 – Février 1988

La part du lion dans la jungle des timbres
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