La nouvelle Marianne est arrivée !...
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La plus belle du monde ? Peut être… En tout cas, on voit rarement accumulées autant de richesses architecturales sur une aussi petite surface que la Grand-Place de Bruxelles. A tout seigneur… voici l’hôtel de ville (en belge, la mairie). Quatre-vingt mètres de façade dans le plus pur style gothique, et une flèche, ou beffroi, de nonante mètres de haut. C’est un des plus fameux édifices gothiques civils; lors de sa construction, qui débuta en 1402, il s’effondra plusieurs fois, et l’on a même soupçonné quelque intervention du Diable en personne: c’est sans doute pour cela que la flèche est surmontée d’un Saint-Michel, patron de la ville, terrassant le dragon, démoniaque symbole. Diabolique aussi, le maréchal de Villeroy ? Toujours est-il qu’en 1695, à la tête des troupes de Louis le Quatorzième, il bombarda Bruxelles, et que cet édifice prit de méchants coups. Vite colmatés d’ailleurs (1)
Si le Maréchal ne faisait pas dans la dentelle, vous pouvez en trouver ici -de la dentelle -de belle qualité: c’est une spécialité du coin ( 2). Aujourd’hui, l’atmosphère y est donc plus pacifique, avec un marché aux fleurs quotidien, des terrasses de café où il fait bon siroter un « demi » de bière et le Brussels jazz club.
Tout autour de la Grand-Place, les Corporations de métiers, c’est-à-dire des groupements d’artisans, ont édifié leurs maisons : pour la plupart en style baroque, elles portent chacune une appellation. On trouve ainsi la maison des Bateliers (3), celle des Brasseurs qui, en bonne logique, abrite aujourd’hui le musée de la Bière (4), la maison des Corporations (5) et enfin la maison des Ducs de Brabant (6). Victor Hugo affectionnait particulièrement cet endroit, et, en exil, séjourna à l’enseigne dite « le Pigeon », aux numéros 26 et 27 de la Place.
400 costumes pour le Manneken Pis
En face de l’hôtel de ville, vous trouverez la maison du Roi, gothique elle aussi, qui abrite le musée communal avec de superbes·tapisseries anciennes, autre spécialité bruxelloise. Celle illustrée par les timbres du Millénaire (7 à 10) représente la légende de Notre-Dame du Sablon, selon laquelle une statue miraculeuse aurait été enlevée et transportée par bateau d’Anvers à Bruxelles. S’y trouvent aussi les quelque quatre cents costumes que peut revêtir celui que vous attendiez tous, le « Manneken Pis ». Lui, intarissable (!) symbole de l’esprit frondeur bruxellois, se trouve dans une rue avoisinante. Il porte bien son nom (menneke est le diminutif de man, homme), puisqu’il ne mesure qu’à peine soixante centimètres, preuve que la célébrité n’est pas toujours une question de taille… Malheureusement, on ne le trouve que sur des essais (cf Bonnevalle),ou sur un timbre… hongrois (11).
Quittons notre admirable place pour aborder un vieux quartier restauré: l’Ilot sacré. Dans cette zone piétonne, les nombreux restaurants présentent des étals alléchants de poissons et fruits de mer.
C’est encore là que l’on trouve un vivant aspect du folklore bruxellois : le théâtre des marionnettes de Toone (12 et 13). Au programme, des pièces du répertoire classique comme « les Trois Mousquetaires », du Victor Hugo ou du Shakespeare, interprétées dans le langage du cru. Ce patois français coloré de flamand vous procurera une bonne rasade de rire.
Toute proche, la rue du Midi qui intéressera les philatélistes puisque la plupart des négociants en timbres y ont installé boutique. Proche encore, la place de la Monnaie, où le bruissement des fontaines est source d’apaisement. C’est là que se trouve le Centre de la Monnaie (14), tour qui abrite les services administratifs des Postes, et d’où viennent les timbres que vous commandez aux services philatéliques. En face, le théâtre de la Monnaie, ou Opéra national (15). Sa très récente restauration a coûté 980 millions de francs belges, c’était le prix à payer pour adapter l’endroit aux exigences technologiques des spectacles modernes. Plus loin, si vous vous engagez dans la très commerçante rue Neuve, partez à la recherche de la place des Martyrs (16). Ce superbe ensemble architectural classique doit son nom aux restes de 445 patriotes morts lors de la Révolution de 1830, date à laquelle la Belgique se libérait de l’occupant hollandais.
Quittons maintenant le bas de la ville, pour nous diriger vers… le haut. A droite, de la gare centrale, s’impose au regard la splendide Cathédrale Saint-Michel (17). S’y trouvent représentées, toutes les époques du style gothique primitif au flamboyant. A gauche de la gare, on gravit le mont des Arts. Tout près, la place du Musée, avec l’ancien palais de Charles de Lorraine, gouverneur des Pays-Bas dont faisait à l’époque partie la Belgique. Ce superbe ensemble Louis XVI est aujourd’hui le Cabinet des estampes (18). On y admire aussi un côté de la Bibliothèque royale (19) et, dans le fond, le tout nouveau tout beau musée d’Art moderne.
Là, par un prodigieux tour de passe passe architectural, les tableaux sont baignés de lumière naturelle. Parmi ces petits privilégiés, des œuvres de James Ensor, Réné Magritte, Paul Delvaux, Parmeke, Alechinsky, Arp, Ernst, Dali, etc.
Voilà, on est sur ce qui s’appelle le haut de la ville. On reprend son souffle parce que la promenade qui mène du Palais royal au Palais de Justice est encore longue. Si le drapeau belge flotte à la hampe, le roi est au palais (20) à la grandiose façade Louis XVI. En face, le parc de Bruxelles: c’est là que s’étaient retranchés les Hollandais lors des combats de septembre 1830. A droite du Palais royal, la place du même nom, avec la statue équestre de Godefroy de Bouillon, ce petit Belge qui dirigea la première croisade et fut sacré premier roi de Jérusalem.
Le saxophone: une invention belge
La large perspective qui mène au Palais de Justice est la rue de la Régence. A droite, le musée d’Art ancien, un peu plus loin, le Grand Sablon, avec le Musée postal au milieu de très belles demeures bourgeoises transformées soit en tavernes, soit en magasins d’antiquités. Sur l’autre côté de la rue de la Régence, à l’emplacement où se trouvait, en 1516, l’hôtel des princes de Tour et Tassis, le Conservatoire royal de Musique (21) avec, à côté, le Musée instrumental. C’est l’un des plus fameux du genre avec une superbe collection des instruments fabriqués par Adolphe Sax : car l’inventeur du saxophone était belge.
Un peu plus loin, la Synagogue, dont vous pouvez admirer le tabernacle (22). Et, tout au bout de la perspective, imposant sa large et massive stature, le Palais de justice et sa coupole perchée à 188 m (23), construit sur un lieu-dit « montagne de la potence » (!)… De là, vous dominez la ville entière, et, si vous jetez un œil en direction du centre, sur la droite vous apercevez la très jolie église NotreDame de la Chapelle (24). Intéressante: si le transept est roman, le reste du bâtiment est gothique, y compris la nef, du XVe siècle; longtemps le gothique brabançon a résisté au style renaissance.
Nous avons ainsi fait le tour du centre de Bruxelles, que vous-mêmes pouvez effectuer en deux jours, si vous êtes pressés. Bon séjour et, n’oubliez pas le guide!…
Paru dans Timbroscopie n° 39 – Septembre 1987