Ces ‘X »qui, pour les philatélistes, ne sont pas des inconnus… Autres spécialités, France, Monaco, Andorre, Sujets généraux, Thématiques

Une

En les voyant défiler le 14 juillet coiffés de leurs bicornes d’un autre âge, on pourrait croire que les polytechniciens ne sont que des militaires un peu spéciaux, nimbés de prestige et de mystère. Quelques petits détails attirent pourtant l’attention : en 1992 par exemple, le bouquet de cresson qui ornait leur ceinture n’avait rien à voir avec l’uniforme réglementaire ; dans la tribune officielle, Mme Edith Cresson, alors Premier ministre, sourit à cette blague de potaches. Car c’est bien ce que sont ces jeunes gens : avant tout des étudiants, admis à Polytechnique à la suite d’un impitoyable concours. Seules les têtes bien faites mais aussi bien pleines d’équations, de fonctions et de logarithmes ont leurs chances. Avec, pour prix de leurs efforts, un service militaire à horaires aménagés puis deux années d’études intensives sous la directions de sommités scientifiques. Une formation de haut niveau ouvrant bien des portes… et en particulier celles des albums. Plus de trente polytechniciens timbrifiés témoignent.

 

PolytechniX

Le décret créant une école pour « ceux qui dirigeront les travaux publics, tant civils que militaires ou maritimes » a été signé par la Convention le 21 ventôse An II (11 mars 1794). Le maître d’œuvre en était Gaspard Monge, mathématicien de génie mais aussi responsable de l’armement et de la fabrication de canons sous le Directoire et l’Empire. Peut-être est-ce à lui que les élèves doivent leur nom d’X – les jeunes filles étant des Xettes – que l’on voit sur son timbre, en référence au symbole mathématique ou aux deux canons croisés, premier emblème de l’école. C’est ce même X qui accompagne François Arago . physicien mais aussi membre du gouvernement provisoire de février 1848, bon exemple de l’esprit frondeur des polytechniciens, tant sous la Restauration que sous les premier et second Empires.

Arago

François Arago (1786-1853)
Le professeur de Polytechnique le mieux connu des philatélistes : il a été trois fois timbrifié en France…
Un honneur qu’il doit en partie à son frère Etienne, le ministre des Postes qui fit adopter le timbre chez nous.

Monge

Gaspard Monge (1746-1818)
Le « père fondateur ». Un fils de marchand forain devenu
l’un des plus grands scientifiques de son temps.

 

 

 

 

Polytechniciens de famille

FamilleLe révolutionnaire Lazare Carnot est lui aussi l’un des instigateurs de Polytechnique… dans laquelle son fils Sadi, l’un des plus grands physiciens de tous les temps, fut élève. Tout comme son petit-fils. lui aussi prénommé Sadi (neveu du précédent), qui délaissa sa carrière d’ingénieur des Ponts et Chaussées pour se lancer dans la politique et devenir Président de la République.

Famille2

La force de Polytechnique, c’est un corps enseignant à la mesure de la sélection rigoureuse de ses élèves. Et ceci dès sa fondation. Les chimistes Berthollet et Vauquelin, le mathématicien Lagrange, à qui leurs diverses découvertes ont valu l’honneur de la timbrification, furent, aux côtés de Monge, les premiers professeurs de l’école. Plustard vinrent l’astronome Laplace et le chimiste Pelletier.

 

A l’école du génie

Militarisée par Napoléon, Polytechnique a vu passer dans ses rangs nombre de futurs officiers supérieurs, avec une nette prédilection pour les armes faisant appel à des compétences scientifiques : l’Artillerie et le Génie.

Ecole011- Ferdinand Foch (1851-1929)
Artilleur. Généralissime des armées alliées 1918.

Ecole022- Joseph Joffre (1852-1931)
Officier du Génie. Le vainqueur de la Marne en 1914.

Ecole033 – Pierre Denfert-Rochereau (1823-1878)
Officier du Génie. C’est à sa défense acharnée que Belfort dut de rester française en 1870.

Ecole044 – Louis Faidherbe (1818-1889)
Officier du Génie. Sage administrateur des colonies d’Afrique occidentale, héros de la guerre de 1870,
il se fit également connaître pour ses missions scientifiques.

Ecole055 – Jean-Baptiste Estienne (1860-1936)
L’artilleur inventeur du « canon d’assaut » : en fait, le tout premier char de combat.

Ecole066 – Gustave Ferrié (1868-1932)
Officier du Génie. Un savant de haut vol, pionnier de la télégraphie sans fil. C’est lui qui « sauva » la tour Eiffel,
promise à la destruction, en la reconvertissant en porte-antenne de radio.

Ecole077 – Honoré d’Estienne d’Orves (1901-1941)
Officier de marine. L’un des premiers combattants de la France Libre. Organisateur d’un réseau
de renseignement en zone occupée, dénoncé à la Gestapo, il est mort fusillé.

Ecole088 – Guillaume Henry Dufour (1787-1875)
Officier du Génie. Le premier général en chef de l’armée suisse put lui aussi entrer à Polytechnique en tant que citoyen français,
après l’annexion d’une partie du territoire helvétique. En 1864, il présida la conférence de Genève
au cours de laquelle fut fondée la Croix-Rouge.

 

Carrières en marge

Polytechnique peut mener à tout. A l’Académie française, à l’Académie des sciences et même à celle… de philatélie – son actuel président, M. Schroeder, est un ancien X. Parmi les ingénieurs de formation, timbrifiés à titres divers, on trouve deux présidents de la république, un écrivain, un philosophe et même un champion de tennis, le sport étant loin d’être négligé dans renseignement de l’école.

AugusteComteAuguste Comte (1798-1857)
Le père du positivisme », la philosophie officielle du XIXe siècle,
très inspirée par la méthode scientifique.

EdouardEstaunieEdouard Estaunié (1862-1942)
Ingénieur et industriel, mais surtout romancier membre de l’Académie française.
C’est lui qui inventa le mot « télécommunications ».

BorotraJean Borotra (né en 1898)
Le « Basque bondissant », l’un des fameux Mousquetaires du tennis français
de l’entre-deux-guerres.

GiscardValéry Giscard d’Estaing (né en 1926)
Son passage à Polytechnique ne lui a pas suffi : aussitôt après. il changeait d’école et entrait à l’ENA
avant de se consacrer à la carrière politique que l’on sait.

 

 

Sciences fondamentales et sciences appliquées

Certains sont restés toute leur vie le nez dans les étoiles… ou penchés sur leurs livres – tel Henri Poincaré – découvrant des lois scientifiques développées au niveau industriel. Les polytechniciens ont, pour une large part, transformé notre vie quotidienne : nous avons choisi de ne présenter ici que des personnages, mais vous pouvez développer cette thématique en y ajoutant des timbres aussi différents que le paquebot Normandie (299-300), le pont Alexandre III (PA 29), le barrage de Donzère-Mondragon (1078), l’usine marémotrice de la Rance (1507), l’aérotrain (1631), la télévision en couleur (2353), le surrégénérateur Phénix (1803), les différents TGV, tous les timbres évoquant Télécommunications et Poste Aérienne (Caravelle. Airbus.etc.). Tous doivent quelque chose à d’anciens polytechniciens. Et la liste n’est pas limitative.

Sciences011 – Urbain Le Verrier ( 1811-1877)
Astronome, il calcula mathématiquement la position d’une planète inconnue car invisible à l’œil nu.
Seule la construction d’un télescope plus puissant que tous ceux de l’époque permit
de confirmer qu’elle bien là où Le Verrier l’avait située. C’est la planète Neptune.

Sciences022 – Louis Joseph Gay-Lussac ( 1778-1850)
Outre ses découvertes essentielles sur la dilatation des gaz, ce physicien accomplit plusieurs ascensions en ballon – pour vérifier
la constance de la composition de l’air – et fut longtemps détenteur du record d’altitude.

Sciences033 – Hilaire Bernigaud de Chardonnet (1839-1924)
L’inventeur du textile artificiel était à la fois un brillant chimiste et un homme d’affaires avisé.

Sciences044 – André Blondel(1863-1938)
Un pionnier du calcul électronique.

Sciences055 – Louis Armand (1905-1971)
Ingénieur reconverti dans la haute administration : président de la SNCF puis de l’Euratom.

Sciences066 – Fulgence Bienvenüe ( 1852-1936)
Le constructeur des premières lignes du métro parisien.

Sciences077 – Henri Poincaré (1854-1912)
Un génie des maths passionné par la mécanique céleste, précurseur du calcul des probabilités

Sciences088 – Henri Becquerel (1852-1909)
Compagnon de Pierre et Marie Curie dans leurs recherches sur la radioactivité, il obtint le prix Nobel avec eux.

Paru dans Timbroscopie n° 111 – Mars 1994

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