Noël : Les courriers poste-bonheur Autres spécialités, Thématiques

« Poste-bonheur » : un joli nom donné par la Poste canadienne au tarif spécial qu’elle accorde au moment de Noël.
Une initiative qui est loin d’être unique dans l’histoire de la philatélie. Timbres, cartes et entiers spéciaux : fouillons dans la hotte postale, du Père Noël.

Rabais…

Rabais011 – Un cent de rabais pou le premier
timbre de noël du monde.

Rabais022 – le plus beau Noël de la Poste britannique :
une jolie pochette contenant un feuillet inédit.

Un tarif réduit pour l’envoi des cartes de vœux, tel est le sympathique cadeau offert par certains pays en fin d’année. Avec, à la clé, émission de timbres appropriés.

Précurseur en la matière : le Canada. Profitant d’une baisse des tarifs de 33 % – 2 c contre 3 c – à l’intérieur de l’Empire britannique fin 1898, la Poste canadienne émit un timbre portant la mention Xmas (Noël). Comme si la baisse était un cadeau de Noël…

Aujourd’hui la ristourne est moins importante : 34 cents au lieu de 39 en temps normal. Mais elle est suffisante pour que les timbres soient largement utilisés puisque, pour 1990, la Poste canadienne a prévu un tirage de quatre-vingts millions d’exemplaires ! Pas mal pour un pays deux fois moins peuplé que la France…

En Grande-Bretagne ce sont des timbres eux-mêmes qui sont vendus avec un rabais sur la valeur faciale. L’économie est parfois symbolique, comme avec la pochette spéciale de 1987 : 8 pence (environ 0,80 F) pour un prix de vente de 4,60 f : (46 F). Mais les philatélistes y trouvaient d’autres avantages: une présentation inédite en feuillet de trente-six exemplaires, et des étoiles bleues au verso (pour empêcher la revente des timbres au prix fort).

 

…ou surtaxe ?

SurtaxeAllemagne

SurtaxeMalteA l’opposé des émissions de Noël à prix réduit : les timbres à surtaxe. Principaux adeptes de cette formule : l’Allemagne (ex-RFA),le Luxembourg, Malte, la Belgique (de 1982 à 1987). Non seulement les usagers ne bénéficient pas d’un tarif spécial mais encore contribuent-ils – volontairement – à financer une œuvre charitable. La tradition – postalement parlant – ne date pas d’hier. Déjà en 1934, la Grèce imposait l’adjonction d’un timbre de bienfaisance sur le courrier expédié entre le 23 décembre et le 6 janvier. Le montant était reversé aux œuvres anti-tuberculeuses des PTT.

SurtaxeLuxembourg011 – Les inconditionnels de la surtaxe : Malte et la RFA (depuis 1969),
le Luxembourg (depuis
1926 !). Les timbres du Grand-Duché portent uniquement la mention  »Caritas »,
mais de par leur date d’émission, toujours en décembre, ils remplissent parfaitement le rôle de timbres de Noël.

SurtaxeGrece2 – Hygie, déesse de la Santé et fille d’Asdépios, dieu de la médecine :
le timbre de surtaxe grec, obligatoire en période de Noël dans les années 30,
définit clairement les préoccupations de l’époque.

SurtaxeGB033 – Mini-révolution l’an dernier en Grande-Bretagne : pas de timbre au rabais,
comme souvent, mais au contraire, quatre timbres à surtaxe sur les cinq émis pour Noël.
D’autant plus surprenant que l’unique timbre anglais à surtaxe datait de ving-cinq ans !
L’expérience n’a pas été renouvelée cette année…

 

En direct avec le père Noël

La France n’émet pas de timbres de Noël et n’abaisse pas les tarifs postaux pour les cartes de vœux. Mais elle est, depuis 1963,à l’origine d’une charmante initiative à l’égard des enfants : lorsqu’ils écrivent au père Noël, celui-ci leur répond par carte postale. Il est tellement sollicité que, l’an dernier, il a dû faire imprimer 720 000 cartes !

Son collègue Santa Claus a sans doute trouvé l’idée excellente car, depuis 1987, il organise son propre service de courrier avec l’aide de la Poste australienne. Mais il demande 2,50 $ – environ 11 F-par carte. Cette somme est reversée à la Fédération philatélique australienne et à des œuvres de protection de l’enfance.

Direct 1989 Le père Noël, en France, et Santa-Claus,
en Australie, répondent aux enfants sages.

 

Tarifs allégés pour vœux aériens

AllegesCanadaLe timbre canadien qui fait plaisir à tout le monde. Aux collectionneurs, qui bénéficient
avec lui d’un tarif préférentiel pour leur cartes de vœux. Aux postiers,
car les barres facilitent le tri de courrier qui afflue dans les bureaux en fin d’année.

  Pendant près de dix ans, de 1931 à 1939, l’Aéropostale puis Air-France – qui lui succéda – ont édité des cartes de vœux bénéficiant d’un tarif réduit dans le service aérien international. Les compagnies faisaient ainsi cadeau d’une grande partie de la surtaxe aérienne qui leur revenait.

RabaisParis-Rio1 – Paris-Rio par hydravion « Santos-Dumont » d’Air France. Et à prix réduit.

Cette époque héroïque est révolue. Pendant les vœux aériens, divers pays-anglo-saxons en majorité – émettent des aérogrammes de Noël. Pas de rabais mais l’assurance de voir ses messages acheminés au plus vite, n’importe où dans le monde.

RabaisAllemagneGrande rivale d’Air France sur l’Amérique du Sud, la compagnie allemande Condor-Lufthansa
n’a pas tardé à proposer, elle aussi, des cartes de vœux à prix réduit.

 

Des vœux dans la tourmente

Voeux01

 

1 – De 1932 à 1935, les Militaires britanniques basées en
Egypte ont bénéficié des tarifs réduits pour leur correspondance
de Noël. Au lieu d’utiliser des timbres égyptiens,
ils devaient coller une vignette spéciale au dos des lettres.

Voeux02

2 – Décembre 1944. Les soldats de la Wehrmacht sur le front de l’Est sont gelés.
A partir du 10, la Feldpost – poste militaire – accorde la franchise jusqu’à 2 kg
aux colis de vêtements chauds qui leur sont adressés.
S’il n’a pas été motivé par Noël, le timbre émis à cette occasion a probablement
fait l’effet d’un beau cadeau…

 

 

 

Les soldats américains en mission dans le golfe Persique s’apprêtent à passer Noël loin de chez eux. La poste militaire US va sans nul doute mettre à leur disposition des moyens considérables afin qu’ils puissent échanger des vœux et des cadeaux avec leurs familles : une nécessité pour le moral des troupes. Toutes les armées modernes l’ont compris, des forces d’occupation britanniques en Egypte (dans les années 30) à la Wehrmacht sur le front russe. Timbres spéciaux et cartes postales, en franchise ou à prix très réduit, ont ainsi mis du baume au cœur des soldats en campagne.

Voeux03

 

 

3 – Pour faire plaisir à ses hommes, le commandant de la garnison allemande
de Rhodes, une île de la mer Egée , distribua à chacun deux timbres
de franchise pour Noël 1944. Trente mille timbres, obtenus on surchargeant
une émission locale, furent ainsi fabriqués. Hélas pour les soldats,
l’avion transportant la plus grande partie des cartes de vœux fut abattu.

 

 

 

Mais les vœux les plus pathétiques sont, sans conteste, ceux des prisonniers. Que peuvent-ils exprimer sinon l’espoir de conserver la vie sauve et de recouvrer la liberté ? On se rappelle que pendant la Seconde Guerre mondiale, les prisonniers français en Allemagne étaient parfois autorisés à éditer des cartes spéciales, au profit des œuvres de leurs camps, en particulier au moment de Noël.

Voeux04

 

 


4 – « Douce nuit, sainte nuit ». Cette carte a été imprimée
pour
les prisonniers allemands des camps américains.
Le grand sapin décoré ne cache pas l’alignement des baraquements.

Voeux05

 

5 – Noël 1941. Avec l’accord des autorités allemandes,
le gouvernement de Vichy organise une correspondance
exceptionnelle à destination des prisonniers de la guerre en Allemagne.
L’entier, 5 F de faciale, émis pour l’occasion ne correspond à aucun tarif mais sert
à financer des œuvres caritatives. L’opération devait être renouvelée
l’année suivante avec, pour la réponse, une carte en franchise.
Elle fut finalement annulée. Des initiatives locales furent en revanche possibles
comme cette carte vendue au profit des familles des prisonniers français du stalag VII B.

 

Joyeux Noël, facteur !

Facteur011 – « Postez vos envois de Noël à temps » demande cette flamme danoise.

Une chose est sûre: en décembre, les postiers ne sont guère à la fête, car ils doivent faire face à un gigantesque afflux de courrier. Plusieurs systèmes ont été expérimentes pour alléger leur travail. Entre 1890 et 1907 à Paris, de nombreux auxiliaires étaient affectés au tri. Pour annuler les cartes de vœux, ceux-ci ne disposaient que de vieux cachets, hors service depuis longtemps : « petits » et « gros chiffres », chiffres dans un cercle, etc. Connus sous le nom d' »oblitérations du jour de l’an », ils servaient également pour les cartes de Noël.

Facteur022 – « Xmas », l’oblitération anglaise le plus souvent employée poour réguler les cartes de Noël.

Depuis longtemps, les Postes incitent les usagers à étaler leurs envois en fin d’année. Souvent au moyen de simples flammes, comme au Danemark et en Grande­Bretagne. Parfois au moyen d’un service de distribution original. Au début du siècle, la Poste britannique mettait de côté les cartes de vœux postées à l’avance. Elle apposait un cachet spécial et les distribuait seulement le jour de Noël. Ce système a été abandonné. Aujourd’hui, le « Royal mail » se contente d’éditer un calendrier indicatif, recommandant des dates d’expédition selon les principales destinations. Ainsi y apprend-on que les envois sont conseillés avant le 10 décembre pour la France, et avant le 14 décembre pour l’Allemagne ou l’Espagne.

Facteur033 – Deux « oblitérations du Jour de l’an » qui pourraient
aussi bien s’appeler « oblitérations de Noël ».

Paru dans Timbroscopie n° 75 – Décembre 1990

Noël : Les courriers poste-bonheur
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