Leclerc, du Tchad au Rhin Autres spécialités, Non classé, Thématiques

Une

Premiers fidèles du Tchad

01Fort-Lamy, 2 décembre 1940: Leclerc prend le commandement militaire du Tchad. Le voilà à la tête des Forces Françaises Libres en Afrique. Quatre mois plus tôt, envoyé de Londres par le général de Gaulle, il a débarqué à Douala, au Cameroun, et conduit le ralliement de I’AEF. Pour des raisons de sécurité, l’officier Philippe de Hauteclocque a pris un nom de guerre : Leclerc.

A Fort-Lamy, Leclerc rassemble ses troupes; le Régiment des Tirailleurs sénégalais du Tchad; des unités prélevées sur l’Oubangui, le moyen-Congo et le Gabon ; Objectif: attaquer au nord les possessions italiennes en traversant le désert de Lybie.

Coup de bluff à Kouffra

02Fin janvier 1941 : avec trois cents hommes et un vieux canon, le colonel Leclerc s’engage dans le Sahara. Direction le fort italien d’El Tadj dans l’oasis-de Koufra, à 1500 km au nord de Fort-Lamy. En dépit du manque d’eau, malgré les accrochages avec les unités ennemies de la Compagnie Saharienne, Leclerc atteint Koufra et « met le siège » devant le fort, en déplaçant tous les jours l’unique pièce d’artillerie pour faire croire à une batterie importante. Le bluff paie: le commandement italien demande l’armistice. Le 7 mars, devant le drapeau français qui flotte sur le port, Leclerc lance son fameux serment: « Jurons de ne pas déposer les armes avant que nos couleurs flottent à nouveau sur Metz et Strasbourg.  »

 Rejoindre Montgomery

03Le Fezzan : dès l’hiver 1941-42,depuis le Tchad, Leclerc lance des raids en direction de ce territoire sous contrôle italien. L’enjeu est d’importance : les Anglais, viennent d’envahir la Somalie italienne, I’Erythrée et I’Ethiopie. Parti d’Egypte, le général Montgomery, à la tête de la VIlle armée britannique, avance maintenant vers la Tunisie, en direction des forces anglo-américaines venues d’Algérie, après le débarquement dirigé par Eisenhower.

La colonne Leclerc entend participer à la reconquête de l’Afrique du Nord: tirailleurs sénégalais, batailleurs de marche de l’AEF, groupes nomades du Tibesti progressent dans le désert, appuyés par une douzaine d’avions du groupe Bretagne.

Le Fezzan devient français

048 janvier 1943 : Leclerc s’empare de l’oasis de Sebha et du fort de Mourzouk, avec sa mosquée datant de l’ancienne occupation turque. Le lendemain, les Forces de Leclerc créent le Territoire militaire du Fezzan, sous administration française. Symbole de « la part de la France dans la bataille d’Afrique », selon le mot de De Gaulle, le Fezzan se voit doté sur le champ de timbres spéciaux (voir ci-dessous). Des commémoratifs – dont celui-ci – serviront après la guerre, jusqu’au rattachement du territoire à la Lybie, en 1956.

Face à l’Afrikakorps

05Retour au théâtre d’opération en Méditerranée. Le 26 janvier, après une série d’actions en Tripolitaine, Leclerc rejoint la côte et entre dans Tripoli : c’est la jonction avec Montgomery. Les deux hommes se rencontrent : le général anglais confie à la « Force L » la garde du flanc gauche de la VIIIe Armée britannique.

Pour la première fois, Leclerc affronte les Allemands de l’Afrikakorps. Le long de la ligne Mareth, où se sont retranchées les troupes de Rommel, il défend victorieusement Ksar Rhilane, contre les panzers et les Stukas ennemis. Puis c’est la progression en Tunisie : Gabès, Sfax, Zaghouan et Tunis le 8 mai 1943. L’armée italo-allemande capitule.

La « Force L » devient « 2e DB »

06Après la bataille de Tunisie, les hommes de Leclerc se regroupent au Maroc. Les vétérans des combats d’Afrique reçoivent des renforts de plus en plus importants : Génie venu de Beyrouth, volontaires évadés de France, régiments d’artillerie, régiment blindé de fusillés marins… Le tout forme maintenant la 28 Division Blindée qui s’embarque en avril1944 vers la Grande-Bretagne, en un long convoi qui touche les Açores et contourne le nord de l’Ecosse. A l’arrivée, « ceux de Leclerc » sont intégrés dans la IIIe Armée US.

La Normandie

071er août 1944 : avec les 4 000 véhicules dont 240 chars de combat, la 28 DB débarque en Normandie, à Utah Beach. « La force mécanique supérieure », évoqué par de Gaulle en 1940, est devenue réalité.

12 août : Alençon. La VIIe armée allemande recule devant la 28 DB et les divisions US. Les blindés de Leclerc avancent sans relâche car il s’agit de bousculer l’ennemi en le prenant de vitesse. Et de gagner la course vers Paris.

Le 19 août, Leclerc apprend que les Américains vont – sans lui ? – déborder Paris par le nord et le sud. Il apprend le même jour l’insurrection de la capitale et décide, enfreignant les ordres du commandement américain, d’envoyer un détachement de reconnaissance vers Paris.

 Paris libéré

0823 août 44 : alors que les Forces Françaises de l’Intérieur, insurgées dans Paris, réclament, par radio, une intervention immédiate, que de Gaulle lui-même demande à Eisenhower de réagir, Leclerc reçoit enfin l’ordre de marcher sur la capitale : il y entre le 25 août, et reçoit la capitulation allemande. Le lendemain, les troupes françaises, conduites par de Gaulle, descendent les Champs-Elysées.

Strasbourg, ou la fidélité au serment

09Novembre 44: après la jonction, le 12 septembre près de Dijon, des forces débarquées en Manche et en Méditerranée, c’est l’offensive générale sur le front d’Alsace­-Lorraine. Première des armées alliées à atteindre le Rhin, la1re armée française conduite par de Lattre prend Mulhouse le 20 novembre. Le 22, Patton est à Metz. Et le 23, les chars de Leclerc entrent dans Strasbourg. Le serment de Koufra avait été tenu.

Leclerc ira plus loin : à Berchtesgaden, occuper le « nid d’aigle » d’Hitler dans les Alpes bavaroises ; en Indochine où, après avoir laissé la 2e DB aux ordres du colonel Dio, fidèle de la première heure, il prend le commandement supérieur des Forces françaises et reçoit pour la France, le 2 septembre 1945,la capitulation du Japon.

Colomb-Béchar : l’accident

101946. Général d’armée, Leclerc prend les fonctions d’Inspecteur des Forces françaises d’Afrique du Nord. Il sillonne le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, retrouvant souvent ses anciens compagnons de combat. Le 28 septembre 1947, il se rend d’Oran à Colomb-Béchar, en Algérie. Son avion s’écrase dans le désert. Il n’y a pas de survivants. Inhumé aux Invalides, Leclerc a été élevé, en 1952, à la dignité de Maréchal de France.

Paru dans Timbroscopie n° 42 – Décembre 1987

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