Ecussons, plaques et boutons pour… facteurs des villes et facteurs des champs… Autres spécialités, Thématiques

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Collectionner les boutons d’uniformes de postiers, voilà qui ne paraît pas très sérieux a priori. Vous imaginez-vous suppliant – ou agressant – un paisible préposé pour qu’il vous cède l’un des attributs de son costume ? Pourtant, ces petits objets métalliques n’ont rien d’une collection gadget : on aurait tort de les comparer aux boîtes de camembert, porte-clefs et autres morceaux de sucre empaquetés. La preuve : un membre éminent de l’Académie de Philatélie, Henri Cappart, en a fait l’une de ses collections-fétiche, que vous pourrez admirer à loisir lors d’une grande exposition au musée de la Poste, début 1986. Un solide gage de sérieux, donc.

De fait, s’il n’est ni difficile ni onéreux de se procurer un bouton moderne avec «fusée ailée» (l’emblème actuel de la Poste), il n’en va pas de même pour les «premières pièces connues», dont l’origine est bien antérieure au timbre-poste, puisqu’elle remonte à l’Ancien Régime. Vous avez l’une de ces grandes raretés sous les yeux : un écusson à fleurs de lys, du relais de Poste de Lobinet.

01Premier Empire, bouton d’uniforme
des Postes Impériales

02Même époque, écusson de postillon du relais de Canchy,
sur la route d’Abbeville à Calais.

Il remonte à 1786, année où une ordonnance du duc de Polignac, directeur général de la Poste aux chevaux, rendit le port de l’uniforme obligatoire pour les maîtres de Poste et leurs postillons. Les premiers étaient tenus de porter sur leurs surtouts, vestes et culottes, des «petits boutons blancs aux armes du roi» ; les seconds «un écusson aux armes de Sa Majesté», sur un bracelet de cuir fixé au bras droit.

0304Restauration : bouton à fleur de lys de la Poste aux lettres ;
écusson de postillon du relais de Villeneuve-lès-Couvers,
sur la route de Paris à Dijon.

Quelques années plus tard, en 1792, paraît la première institution générale sur le service des Postes, qui oblige les facteurs urbains à se procurer, en le payant, un écusson tricolore : drap rouge bordé de blanc, «Poste aux lettres» brodé en bleu.

051830 : bouton du Service rural.

061840 : plaque de facteur.

071848 : plaque du Service de Paris. « République française »
vient s’ajouter à « Administration des Postes »

En 1808, sous le Premier Empire, le bleu cède la place au blanc, couleur impériale. D’aigle impérial en lys royal, de «facteur rural» en «facteur de ville»,c’est toute l’histoire des Postes -et l’Histoire tout court – que l’on voit défiler ainsi sur ces superbes pièces de collection.

080910Second Empire écusson de courrier du Service des dépêches ;
autres écussons, de courrier et de facteur de ville.

11Bouton de facteur des années 1960.

Tout f .. le camp…

Une collection close, au demeurant. Observez bien l’uniforme de vos préposés (s’ils le portent encore) : vous n’y verrez que des boutons ordinaires, sans le moindre estampage. Quant aux plaques et écussons, leur usage a disparu dans les années 1910 : on en trouve les dernières représentations sur ces cartes postales galantes où des facteurs à la moustache altière font un brin de cour à de jolies jeunes filles attendant fébrilement la lettre d’un fiancé absent.

Seul élément d’uniforme pouvant intéresser aujourd’hui le collectionneur spécialisé : la broche en métal émaillé créée en 1978 pour les facteurs féminins. Mais bien peu l’arborent encore au revers de leur veste. Tout f … le camp !

12Une quinzaine de timbres « Journée du timbre », émis entre 1950 et 1978, retracent l’histoire
des facteurs à travers les siècles. Ici, un facteur rural de 1830 (n° 1549 Y&T) et une plaque
de facteur de Paris sous la IIe République (n° 1838 Y&T).

Paru dans Timbroscopie n° 20 – Décembre 1985

Ecussons, plaques et boutons pour… facteurs des villes et facteurs des champs…
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