TIMBRES PASSION – MOULINS...
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Si la vahiné apparaît encore au détour d’une page (1), sa présence n’en reste pas moins discrète. Oublions le magnifique «drive» que son geste laisse supposer pour nous attarder un instant sur cette golfeuse en paréo qui ferait vite oublier les autres sports (2). A moins que , féru de danse et de folklore, vous préfériez cette tahitienne en costume d’apparat (3)
Mais faites tout d’abord le tour du propriétaire: Si la série qui vous promène , par 5 timbres interposés, d’île en île n’est pas un chef d’œuvre (mais comment restituer la beauté des sites sur quelques centimètres carrés de papier?) préférez-lui les bateaux qui vous conduiront de lagon en lagon (4-5) des Tuamotu à Bora-Bora, des Gambier aux Marquises. Leurs formes harmonieuses, leurs qualités nautiques forcent l’admiration.
Elles prouvent surtout que les marins polynésiens ont hérité de leurs aïeux ce sens de la mer qui leur permit de rallier les cotes d’Amérique du Sud à celles de leurs archipels (à moins que ce soit le contraire car le débat reste ouvert).
Certes l’aventure du Kon-Tiki, qui en 1947 partit du Pérou pour arriver à Tahiti, semble donner raison aux tenants de la théorie d’est en ouest, et c’est pourquoi un fort beau timbre (6) célèbre le 20ème anniversaire de cet exploit.
Tout comme il fallait saluer le souvenir d’Alain Gerbault, ce pionnier de la navigation en solitaire qui débarqua à Bora-Bora il y a 59 ans déjà (7).
La mer, celle qui a donné son nom à une teinte indéfinissable – pour ceux qui ne l’ont jamais vue -, à ce fameux «bleu des mers du sud», on la trouve partout dans la philatélie polynésienne : pour, les championnats de ski nautique (8) comme ceux de plongée sous-marine (9).
Les timbres, sans craindre de gâcher leur gomme, nous entraînent dans les profondeurs de cette mer tiède sur la piste d’incroyables poissons multicolores, de coquillages que l’on croirait inventés et de coraux à la limite du minéral du végétal et de l’animal (10 -11).
Après un regard à l’artisanat indissociable du folklore polynésien pour nous extasier sur de merveilleux objets de nacre, regagnons Tahiti à laquelle le tourisme et ses excès n’ont pas pu ôter son charme, saluons au passage l’aéroport de sa capitale Papeete : il porte le nom le plus étonnant qui soit, Faaa : mais oui, avec trois a qui se suivent !
Les fleurs (12) et les oiseaux (13) de cette Polynésie qu’il est convenu de comparer au Paradis ne font pas oublier le courage et l’attachement à la mère patrie de ces frères du bout du monde :dès le 2 septembre 1940, ils se ralliaient à la France libre (14) et , nombreux, furent volontaires pour s’engager dans le bataillon du Pacifique et continuer la lutte (15).
N’ayez aucune crainte : Gauguin n’a pas été oublié. Son portrait , son musée (si intelligemment conçu et intéressant malgré l’absence de tableaux du peintre) et surtout son œuvre sont présents sur bien des timbres (16). Mais les responsables des émissions ont eu le bon goût et l’intelligence de ne pas limiter leur galerie de tableaux polynésiens aux seules toiles du grand peintre breton. Ils nous offrent de fort belles reproductions inspirées par les gens et les coutumes locale (17) et c’est pourquoi on leur pardonnera de nous imposer de-ci de-là un Rubens, un nu dont on se demande ce qu’ils viennent faire dans cette galère !
Par contre, un grand bravo pour venir nous rappeler à point nommé que ces îles eurent aussi leurs souverains dont le plus connue demeure la fameuse Reine Pomaré IV (18) qui régnait sur Tahiti lorsque les Français y arrivèrent.
La dernière page de notre album est tournée. La magie des timbres, une fois de plus, a opéré. Nous avons fait un beau voyage et engrangé un peu de rêve. N’est-ce pas là le principal ?
Paru dans Timbroscopie n° 13 – Avril 1985