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Une

Six départements franciliens sur huit offrent un panorama presque complet de tous les styles architecturaux : Moyen Age à Vincennes, Renaissance à Fontainebleau ou encore classique à Vaux-le-Vicomte.

Hors Paris, qui tient une place particulière par sa fonction de capitale, pas une seule référence philatélique sur des châteaux dans l’Essonne et la Seine-Saint-Denis, une seule dans les Hauts-de-Seine, le Val­d’Oise et le Val-de-Marne, deux en Seine-et-Marne, mais cinq dans les Yvelines. Ce dernier département, qui possède, il est vrai, Versailles – premier au palmarès par le nombre de timbres émis sur un ensemble architectural royal, est marqué depuis le règne de Louis XIV par une tradition de la noblesse de s’y faire construire ses demeures.

01Certes, dans les Yvelines, comme dans les autres départements de l’Ile-­de-France, les châteaux que nous connaissons aujourd’hui et dont la philatélie témoigne ont une longue histoire, qui remonte au Moyen Age. Ainsi, le château de Saint-Germain-en-­Laye (1) a été construit par couches successives allant des fossés (XIIe siècle) creusés sous Louis VI à la Sainte Chapelle (XIIIe) en passant par le donjon de Charles V (XIVe), seul vestige d ‘origine.

François Ier lance la véritable construction du château avec l’architecte Pierre Chambiges. Henri II y apporte des changements avec Philippe Delorme. Il ne reste aujourd’hui de cette période que le pavillon Henri IV et le pavillon Sully. Mais celui qui va marquer les lieux est sans conteste Louis XIV, qui y est né et qui va y résider jusqu’en 1682. Le futur Roi-Soleil fait dessiner la célèbre terrasse par Le Nôtre (1669 à 1673). Tour à tour prison en 1793, école de cavalerie en 1809, caserne et pénitencier de 1836 à 1855, Saint-Germain-en-Laye est restauré de 1862 à 1905.

02Le château de Maisons-Laffitte (2), œuvre de François Mansart, construit entre 1642 à 1652 pour René de Longueil, futur surintendant des finances, compte parmi les rares châteaux dont la réalisation est assurée par un seul architecte durant une période unique, à l’exemple de Vaux-le-­Vicomte.

Rambouillet, dernière demeure de François Ier

En 1777, le comte d’Artois, frère de Louis XVI, achète le château. Passionné de chevaux, il crée un champ de courses. Le château porte alors le nom de Maisons. En 1818, le banquier Jacques Laffitte l’achète. Ruiné, il fait néanmoins aménager le parc et des pavillons. Connu depuis 1882 sous le nom de Maisons-Laffitte, l’Etat rachète le château en 1905 et le transforme en musée.

03L’histoire du château de Rambouillet (3) débute vers 1375 avec Regnault d’Angennes, qui jette les premières fondations. François Ier y meurt, en 1547. En 1612, Louis XIII transforme la seigneurie en marquisat. En 1706, le comte de Toulouse, fils légitimé de Louis XIV et de madame de Montespan, achète le domaine, le fait ériger en duché-pairie et en modifie l’aspect. Louis XVI l’achète en 1783. Rambouillet est devenu résidence d’été des présidents de la République depuis un siècle.

04-05Dernière référence dans les Yvelines, le château de Sully (4 et 5), à Rosny­ sur-Seine. Le grand-père de Sully avait reçu par héritage la seigneurie de Rosny-sur-Seine et Sully, le futur ministre d’Henri IV devait y voir le jour.

Après la victoire d’Henri IV à laquelle il avait· beaucoup contribué, Sully fit reconstruire le château et y reçut plusieurs fois le roi. En 1818, le duc de Berry l’offrit à sa femme, Marie-Caroline. Après 1830, le château est acquis par un riche industriel et au XXe siècle par une société japonaise.

Avec deux châteaux représentés sur des timbres, la Seine-et-Marne offre l’exemple de deux styles architecturaux bien marqués. Tout d’abord, le style Renaissance avec celui de Fontainebleau. Si les premières pierres sont dressées dès 1137, le château de Fontainebleau, délaissé au XVe siècle par la royauté venue s’établir dans la vallée de la Loire, prend son véritable essor avec François Ier . Le lancement des travaux date de 1527. Mais, plus que l’architecture, le plus souvent plaquée sur des structures archaïques, c’est l’art ornemental qui a fait le succès du château. François Ier va créer à Fontainebleau un foyer d’art de réputation européenne. Cette œuvre se poursuit avec Henri IV, qui donne à l’ensemble son aspect définitif. Fréquenté régulièrement jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, le château fait partie des déplacements rituels de Louis XIV. Napoléon Ier y fait, le 20 mars 1814, ses adieux à sa vieille garde… mais devait y revenir quelques heures le 20 mai 1815.

06-07L’autre grand château de Seine-et-­Marne, celui de Vaux-le-Vicomte (6 et 7), bénéficie de deux émissions, l’une en 1969, l’autre en 1989, en pleine période des festivités du bicentenaire de la Révolution française. Œuvre d’un seul homme, Nicolas Fouquet, surintendant des finances, au faîte de la gloire, convoque l’architecte Louis Le Vau, le peintre Charles Le Brun et le paysagiste André Le Nôtre, qui, en moins de cinq ans ( 1656 à 1661 ), et aidés de 18 000 ouvriers, vont réaliser le plus grand château de l’époque. Une réalisation qui surpasse en beauté et grandeur la résidence royale du jeune Louis XIV, qui ne possède encore qu’un modeste pavillon de chasse à Versailles.

Au lendemain de la fête somptueuse du 17 août 1661, le roi irrité contre ce luxe fait ouvrir une enquête contre Fouquet. Arrêté en 1664, par d’Artagnan, Fouquet finit sa vie en 1680 dans la forteresse de Pignerol.

0809Le plus médiéval des châteaux de l’Ile-de-France, Vincennes (8 et 9), caractérisé par son donjon, est l’unique référence philatélique du Val-de-Marne. Propriété de la couronne au XIe siècle, c’est un rendez-­vous de chasse fréquenté par Saint Louis, comme le mentionnent les Mémoires de Joinville.

10La construction véritable commence avec Philippe VI de Valois, en 1334, qui en achève en 1350 les fondations. Le donjon est terminé en 1370, sous Charles V. Le roi y installe son trésor et sa bibliothèque. La représentation du château est visible en détail dans Les Très Riches Heures du duc de Berry. François Ier (10) termine la sainte chapelle consacrée par Henri II en 1552. Après Catherine de Médicis en 1560, Marie de Médicis, en 1610, pose la première pierre des deux ailes du château. L’architecte Le Vau achève en 1658 les pavillons du roi et de la reine. Le mariage de Louis XIV et de Marie­Thérèse est célébré en 1660.

Un musée de la Renaissance à Ecouen

Napoléon donne au lieu son caractère de forteresse et d’arsenal. En 1840, Vincennes devient un fort de Paris. En 1952, les vitraux reprennent leur place dans la sainte chapelle, et ce n’est qu’en 1972 après la démolition des casemates et le désengagement des fossés comblés au XIXe siècle que le château retrouve son aspect primitif avec le dégagement du donjon et la réapparition du pont du XIVe siècle. Enfin, l’esplanade, à l’entrée sud du château, redevient le point de convergence de trois allées en patte d’oie, à travers le bois, comme au XVIIe siècle. Avec le château d’Ecouen, le Val-­d’Oise est représenté en philatélie non par son ensemble architectural, mais par une œuvre d’art : la Diane du bain. Edifié par le connétable Anne de Montmorency, conseiller de François Ier, entre 1540 et 1547, Ecouen offre un exceptionnel ensemble architectural du milieu du XVIe siècle. A la Révolution, les collections sont dispersées, mais le château échappe, comme Vaux-le-Vicomte, à la destruction. En 1805, Napoléon choisit Ecouen pour héberger les filles des membres de la Légion d’honneur. En 1862, l’Etat le restaure et y rassemble les objets d’art et les meubles de la Renaissance dispersés au Musée des Thermes et à l’Hôtel de Cluny. Depuis 1977, le château d’Ecouen est le Musée de la Renaissance.

11Avec l e château de Malmaison (11), les Hauts-de-Seine offrent l’ensemble le plus complet sur l’art du Consulat. Ce château du XVIIe siècle est véritablement entré dans l’histoire en 1799, lorsque une créole, Joséphine Tascher de la Pagerie, l’achète. De 1800 à 1803, il est le séjour préféré de Bonaparte. Joséphine y reste après son divorce avec Napoléon en 1809, et y meurt en 1814. Le château perd alors une grande partie de ses œuvres d’art, dont des statues de Canova, des tableaux de Rembrandt, Rubens, Claude Le Lorrain, aujourd’hui exposés au Musée de l’Ermitage de Saint-­Pétersbourg. Propriété de l’Etat depuis 1904, Malmaison est devenu à travers les nombreuses acquisitions et campagnes de restauration le véritable sanctuaire de l’histoire napoléonienne.

Paru dans Le Monde des Philatélistes n° 520 – Juillet-Août 1997

 

 

 

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