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Une

Le docteur Alain François déroule le plan de sa collection consacrée à la chasse. Histoire, techniques, chasseurs célèbres, économie… Rien n’échappe à l’illustration philatélique.

Naissance et évolution

Au commencement des temps, les premiers hommes, descendants des anthropoïdes, étaient, en vertu de la conformation de leur tube digestif et de leur système dentaire, essentiellement végétariens et frugivores.

Au fur et à mesure de leur évolution de quadrupèdes en bipèdes, ils se retrouvaient confrontés à des animaux gigantesques souvent dangereux : mammouths, rhinocéros laineux, grands félins, aurochs, ours géants, etc. Ces animaux les fascinaient et, pour apaiser leurs colères, les primitifs leur dressaient des totems, leur faisaient des offrandes – le plus souvent sous forme de sacrifice d’autres animaux.

Les hommes découvrirent dans le même temps la saveur de la viande ; ils ne pourront alors plus se passer de la chair des animaux, qui va devenir leur principale ressource alimentaire. Les lancinantes poussées de faim vont leur faire inventer des armes de plus en plus redoutables et efficaces, et des méthodes de chasse sournoises et sophistiquées. Bon nombre de ces méthodes ont survécu de nos jours, tout en s’améliorant. La chasse, depuis l’origine de l’homme sur la Terre, est passée par trois stades :

– La chasse survie indispensable à l’existence. Le gibier capturé apportait tout ce dont l’homme avait besoin : la viande pour se nourrir, la peau et la fourrure pour se vêtir ou s’abriter, les os taillés servant d’outils ou d’ustensiles divers.

– La chasse cueillette après la domestication de l’animal et l’apparition de l’agriculture. Activité passionnelle par excellence, elle entraîna la diversification des méthodes de chasse, l’amélioration de l’armement et des différents équipements.

– La chasse gestion pratiquée actuellement, de plus en plus avec le respect d’une certaine éthique, le respect de la nature et de l’animal sauvage, dans le cadre de la recherche d’un nouvel équilibre agro-sylvo-cynégétique, remplaçant l’ancien équilibre naturel détruit par la raréfaction des grands prédateurs, la démographie, l’urbanisation et les modifications de l’exploitation sylvicole et agricole de nombreux territoires.

L’ère préhistorique

0102La première forme de chasse, sans armes, était la battue à l’abîme (1). Les animaux étaient poussés par des rabatteurs vers des falaises abruptes où ils n’avaient pas d ‘autres choix que de sauter dans le vide. En France, le site de Solutré est très connu puisqu’on y a trouvé les restes de plus de dix mille chevaux sauvages (2).

Le piégeage à la fosse garnie d’épieux ne nécessitait pas non plus l’emploi d’armes particulières, et il était moins dangereux que l’affrontement direct avec l’animal vivant.

03-04Les premières armes de chasse furent le bâton et le caillou . Le bâton sera rapidement transformé en massue, le caillou sera taillé puis poli. L’association d’un bâton et d’un caillou donnera la hache (3 et 4).

0506Viennent ensuite les armes de jet : sagaies, javelots, lances et harpons divers, bientôt détrônées par l’arc aux flèches armées de pointes de silex (5 et 6).

07Arme sûre, l’arc diminuait les dangers de la chasse, car le chasseur n’était pas obligé de s’approcher du gibier, tout en augmentant les chances d’abattre l’animal (7).

08La chasse se pratiquait à l’affût ou à l’approche, de façon individuelle ou en groupe (8). L’âge de bronze apportera poignards, épées et pointes d’armes de jet métalliques.

A la fin du paléolithique et au début du mésolithique (de 10 000 à 5 000 ans) s’amorce le déclin de cette chasse primitive et dangereuse. L’homme cherche d’autres moyens de subsistance, plus sûrs. A cette période, l’équilibre biologique de certaines espèces a été bouleversé ; ce qui a provoqué la disparition de certains grands mammifères, principale source de nourriture.

L’homme partit alors à la conquête de nouveaux territoires. Ainsi naquirent la domestication, la sédentarisation et la découverte de la poterie. Ces changements, bien sûr, ne se sont pas produits partout et ne se sont pas succédé dans le même ordre. La transformation des chasseurs nomades en paysans sédentaires éleveurs de bétail déterminera une nouvelle époque dans l’histoire de l’humanité. L’objet et le sens de la chasse subirent alors une transformation fondamentale.

Les armes primitives

Jusqu’à l’apparition de l’arme à feu, la chasse à l’arme blanche ou à l’arc va être pratiquée sur tous les continents. Pour certaines peuplades primitives, elle continue de nos jours à apporter une alimentation protidique non négligeable.

0910111213La chasse avec des armes d’hast (dague, épée, épieux) permet à l’homme, grâce à la confrontation au corps à corps avec l’animal, de montrer sa force et sa virilité (9 et 10). Avec les armes de jet (javelot, sagaie, lance), l’homme s’est attaqué à tous les animaux, y compris les plus gros comme l’éléphant (11). Certains pays possèdent des armes de jet très originales : le boomerang en Australie, le tomahawk en Amérique du Nord et le couteau de jet en Afrique (12). La chasse à l’arc est la projection d’une flèche en utilisant l’élasticité d’une pièce de bois ou de métal. Il existe des arcs simples et des arcs composés à double courbure (13). Arme puissante et précise, l’arc est capable de tuer tous les animaux. Il n’a jamais cessé d’être employé, et il existe même actuellement un net regain pour cette forme de chasse silencieuse et individuelle.

14L’arbalète, arme de trait, est utilisée en Chine deux siècles avant Jésus-Christ. Elle apparaît en France et en Europe vers le Xe siècle. La puissance de l’arbalète est en général supérieure à celle de l’arc, mais son poids est plus élevé. Son utilisation est totalement interdite en France (14).

151617181920Certaines méthodes de chasse sont particulières à des pays et font partie de coutumes ancestrales : chasse à la sarbacane (15), à l’épuisette (16), à la fronde (17), au lance-pierre (18) et au lasso (19). Des déguisements pour mieux approcher les animaux sont souvent employés (20).

Les animaux auxiliaires de l’homme

2122L’homme préhistorique a saisi très tôt l’intérêt que pouvait représenter le chien, animal sauvage qui rôdait autour de son campement pour grappiller les restes des animaux tués ; dès le début du néolithique (100 000 ans av. J.-C.), il l’employait comme auxiliaire de chasse (21). Plus tard, le chien sera utilisé, en fonction de sa race, pour ses aptitudes particulières : chien d’arrêt, buissonneur, courant, retriever de terrier, etc. L’homme préhistorique n’avait pas domestiqué le cheval, qui semble avoir existé jadis à l’état sauvage sur presque toute la surface de la Terre ; considéré d’abord comme simple gibier, il fut ensuite, comme le chien, domestiqué. Avec ces auxiliaires, l’homme put transformer en art la lutte des premiers âges. L’utilisation conjointe du cheval et du chien donnera plus tard naissance à la grande vénerie (22).

23D’autres animaux furent utilisés : l’éléphant (23), le renne, le chameau, les fauves, les rapaces.

 

Discours sur la méthode

01-03A04AOn rencontre différents modes de chasse traditionnels : chasse du petit gibier terrestre à plumes (1) ou à poils (2) ; chasse du gibier d’eau (3) à pied ou en bateau, au cul levé ou à la passée (4).

05-12ALa chasse du grand gibier répond à d’autres critères : en montagne, elle demande effort et condition physique (5) ; en Afrique, elle est encore nécessaire à l’apport de protéines pour beaucoup de peuplades (6) ; l’Amérique du Nord est peuplée de cervidés tout à fait particuliers (7) ; dans les zones arctiques, on trouve encore souvent une chasse de survie (8) ; en Europe, le sanglier est un animal adoré par les chasseurs, mais haï par les agriculteurs (9).
La chasse du grand gibier est quelquefois dangereuse pour l’homme (10), les chiens (11) ou le cheval (12).

Le piégeage

Le piégeage était déjà employé à la préhistoire, comme en témoignent certaines peintures rupestres représentant des hommes poussant des animaux vers une fosse creusée dans le sol et garnie d ‘épieux en bois. Un vrai piégeur ne tend jamais ses pièges à l’aveuglette. Il doit choisir et adapter les procédés aux circonstances et aux conditions du milieu dans lequel il opère.

13-19A

18-19A

Pantes (13), assommoirs (14), pièges à palette (15), filets (16), lacets (17), trappes (18), collets (19) et boîtes tombantes sont toujours employés dans le monde pour capturer les animaux à fourrure et réguler les populations nuisibles.

La vénerie

Les peuples des steppes d’Eurasie, les Sassanides, les chahs de Perse et les sultans turcs chassaient montés sur des chevaux rapides, derrière des meutes de chiens hurlants qui poursuivaient sans pitié le cerf fugitif. Il en était de même des émirs arabes, des nobles celtes ou bourguignons et des paladins de l’époque carolingienne. Chez les rois de France, cette passion poussée jusqu’à l’idolâtrie atteignit la perfection sous Henri IV et Louis XIV.

20ALa chasse à courre a trouvé son apogée avec la vénerie royale. Le code de la vénerie a évolué à travers les âges, mais le principe fondamental reste immuable : forcer un animal avec une meute de chiens (20). L’élément essentiel est le chien ; le rôle de l’homme est de contrôler la meute et de l’assurer du respect du code.

La grande vénerie est toujours très vivante en France. Elle est pratiquée par 183 équipages dans 48 départements qui utilisent 8 500 chiens et 6 800 chevaux.

21-22AElle a permis la conservation de vieilles races de chiens de souches diverses comme les poitevins, les français tricolores et les anglo-français (21). La petite vénerie, ou vénerie à pied, chasse difficile, austère, peu meurtrière, demande une condition physique assez exceptionnelle, puisqu’elle consiste à forcer le lièvre avec des chiens courants. On en recense 121 équipages sur 50 départements. En Angleterre, la grande vénerie est surtout axée sur le renard ; appelée fox-hunt, elle reste le symbole de l’aristocratie anglaise (22).

La chasse au vol

23ALa fauconnerie est l’art de dresser des oiseaux de proie destinés à la chasse. La plus ancienne chasse au vol connue date de 680 av. J.-C. Elle était pratiquée par le roi chinois Wen-tang, de Tchéou. C’est au Moyen Age, avec les croisades, que les Occidentaux la découvrent. Au XVIe siècle, sous le règne de François Ier, la fauconnerie connut son plein épanouissement à la cour (23). Art difficile, la fauconnerie demande à ses pratiquants patience, persévérance et doigté dans le dressage d’animaux délicats et particulièrement indépendants dans leur comportement cynégétique.

Haut vol et bas vol

La chasse de haut vol, pratiquée le plus souvent à cheval sur les grands espaces ouverts, utilise essentiellement le faucon pèlerin. Elle comprend deux variétés :

– le vol de poing au cul levé des oiseaux;

– le vol d’amont avec piqué d’attaque après l’arrêt d’un chien.

24ALa chasse de bas vol, pouvant s’exercer dans des lieux plus restreints, utilise des oiseaux à ailes courtes, vautours et éperviers. Elle consiste dans la chasse au cul levé d ‘oiseaux ou d’animaux à poils. L’oiseau chasseur quitte le gant de son maître à l’instant même du départ du gibier (24).

Paru dans Le Monde des Philatélistes n° 503 – Janvier 1996

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