L’erreur en philatélie fiscale coloniale Colonies générales et grandes séries, Expression française

Une

Etude des variétés des timbres fiscaux en usage dans les anciennes colonies françaises

Les erreurs sur les timbres fiscaux sont souvent beaucoup plus rares que celles affectant les timbres coloniaux émis par La Poste. Les plus marquantes d’entre elles sont étudiées ici en envisageant successivement, là encore, le contenu des timbres, leurs couleurs, puis leurs surcharges.

Ces erreurs peuvent porter sur l’absence de certains éléments du contenu, ou sur la présence d’éléments erronés.

 Les éléments manquants

01Les médaillons : à partir du moment où les timbres fiscaux sont imprimés en deux ou trois temps, il est arrivé que certains d’entre eux soient émis avec le médaillon manquant. Voici, à titre d’exemple, des timbres de Tunisie dont le médaillon brille par son absence (1).

02Les légendes : voici également un timbre de Syrie-Liban de 1926, pour la Dette publique ottomane (Duston, E.35), sur lequel les légendes arabe et française ont été omises (2).

Les valeurs : les valeurs de certains fiscaux coloniaux sont omises. L’apparition de telles variétés est logique, sinon inéluctable, dans la mesure, nous l’avons déjà écrit à propos de la France, où parfois une dizaine de timbres fiscaux différents sont imprimés sur le même fond et dans la même couleur, leur valeur seule les différenciant. Là encore, on se retrouve dans la même situation que certains des timbres-poste coloniaux, distincts seulement par l’indication de pays apposée en surimpression, et qui, pour cette raison, ont parfois été émis accidentellement sans nom de colonie.

03-050607-0910A titre d ‘exemple de valeurs manquantes : le timbre de Jugements d ‘AOF rose (Duston, n°13), sans sa surimpression « Jugements/40c » (3), celui d’Obligations de Côte­d’Ivoire brun-rouge (Duston, n°1), sans sa surimpression « Obligations/ OF20/ Tarif » (4), ou encore le timbre d’Effets de Commerce du même pays (Duston, n°37), sans la surimpression « 1F/Effets de Commerce/Négociables et non négociables » (5). Si l’on change de latitude, on peut évoquer le timbre d’Enregistrement de Madagascar de 1924 (Duston, B.82) avec valeur manquante (6), les timbres de Syrie-Liban de 1925 et 1926, pour la Dette publique ottomane (Duston, E.l3, E.44 et E.55), eux aussi sans impression de la valeur (7, 8 et 9), ou le timbre d’affiches d’Indochine (Duston, A2) affecté de la même absence (10).

Les éléments erronés

1112Les mentions : certains éléments constitutifs du timbre peuvent être erronés. Témoin quelques timbres coloniaux dont les légendes et la valeur ont été imprimées à l’envers, comme sur ce timbre d’Enregistrement du Congo français de 1905 (Duston, F.11) (11), ou sur ces figurines de Taxes, Actes et Conventions du Soudan français de 1927 (Duston, E.12a) (12).

13Des erreurs de mention apparaissent également sur les timbres d’autres dépendances d’outre-mer, comme sur le timbre des Alaouites illustré ici (Duston, M.43A), sur lequel la légende arabe imprimée à Paris s’est révélée erronée (13). Cette légende « Gouvernement de Lattaquié » étant composée de caractères inexacts, ce timbre n’a pu être émis tel quel dans le territoire de destination, où il a dû préalablement être surchargé d’une barre horizontale annulant le texte (Duston, M. 43B).

14Les associations : au lieu d’une valeur manquante, une valeur erronée a pu être insérée par erreur dans la feuille de timbres d’une autre valeur faciale. C’est le cas dans diverses colonies, et notamment, en Indochine, à un 3 $ de la Série fiscale unifiée de 1928-1933, au type Daussy « Etoilé » que l’on a retrouvé, de façon inattendue, dans une feuille de timbres de 2 $ (14).

Les erreurs de couleur

151617Comme pour certains timbres-poste, par suite d’erreurs, quelques exemplaires ont été tirés dans une couleur inexacte, ou destinée à d’autres valeurs. Voici par exemple, une erreur de surimpression constatée sur le 0F25 de Récépissés de Chemin de Fer du Haut-Sénégal et Niger (Duston, K.1). Celle-ci a été frappée en noir au lieu de violet (15). Voici également une erreur de fond de couleur constatée sur un timbre de Dimension de Tunisie, jaune vif au lieu de orange (16). Voici également un timbre d’Indochine de 20 $ de la première série fiscale unifiée SANS FILIGRANE, tiré sur un fond vert (dans la couleur des 1 à 9 $), au lieu de violet (couleur normale du fond pour cette valeur) (17). Cette erreur de couleur, datable du début des années 30, n’est signalée ni au catalogue Duston, qui ne mentionne que le tirage de couleur normal sur fond violet (Duston, L.76), ni à l’Yvert-Forbin de 1937. Curieusement, la couleur erronée allait finalement devenir réglementaire pour cette valeur dans les séries suivantes au même type, mais toujours AVEC FILIGRANE.

18Pour en finir avec ces erreurs de couleur, un timbre de 100 piastres de Droit notarial de la République Libanaise sous mandat français, imprimé par erreur, vers 1932-1934, en grenat, au lieu de bleu ciel (Duston, X.59) ou brun (Duston, X.65) (18).

Les erreurs de surcharge

19Les émissions surchargées de fiscaux coloniaux n’ont pas été elles-mêmes à l’abri des erreurs, comme le démontrent les surcharges renversées apparues sur certains timbres d’AOF obtenus entre 1941 et 1945, par surcharge de timbres du Cameroun (Duston, U.107). Ces timbres avaient été récupérés sur des envois bloqués à Dakar, à la suite du ralliement de ce territoire sous mandat à la France libre (19).

Ainsi peut-on vérifier, une fois de plus, que, dans le domaine de l’erreur, comme sous bien d’autres aspects, la philatélie fiscale présente les mêmes champs d’investigation que la philatélie postale. Avec deux différences notables : les erreurs fiscales rencontrées ont peu de chances de devoir leur existence à des mobiles philatéliques, alors que l’on ne peut en dire autant de certaines erreurs postales. Par ailleurs, quelques milliers de francs suffisent encore, pour acquérir les plus rares de ces erreurs fiscales, alors qu’il faut compter par centaines de milliers de francs ou davantage, pour se procurer les grandes erreurs postales. Le seul problème est que, en philatélie fiscale, un carnet de chèques n’est pas suffisant pour constituer une collection de raretés. Le plus difficile est de les rencontrer.

 

Paru dans Le Monde des Philatélistes n° 484 – Avril 1994

L’erreur en philatélie fiscale coloniale
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