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Une

La fauconnerie, ou chasse au vol, est l’art de prendre un gibier, à poil ou à plume, sans arme, avec la seule aide de certains rapaces dressés à cet usage. C’est probablement le seul mode de chasse qui se pratique de la même manière depuis la plus haute antiquité.

01Les origines de la fauconnerie se perdent dans la préhistoire. Certaines hypothèses récentes situent sa naissance sur les hauts plateaux de l’Asie centrale, probablement en Mongolie et en Chine, d’où, peu à peu, suivant les migrations de tribus nomades ou guerrières, elle gagna l’Europe et le bassin oriental de la Méditerranée (1).

La première preuve tangible de l’existence de la fauconnerie est un bas-relief des ruines de Khorsabad, à 15 kilomètres de l’actuelle Mossoul, dans le Kurdistan irakien, découvert par Botta en 1843, et qui montre un fauconnier assyrien tenant un oiseau de chasse. On peut admirer ce bas-relief au Musée du Louvre. Il date du règne du roi assyrien Sargon, qui mourut en 705 avant J.-C.

02Selon Marco Polo, l’empereur mongol Koubilay (1214-1294), petit-fils de Gensis Khan, grand adepte de la fauconnerie, employait 10 000 fauconniers professionnels dans son immense empire (2).

 Un signe distinctif de la chevalerie

La fauconnerie se développa en Occident à la suite des croisades, après les contacts avec les peuples de l’Orient, maîtres dans cet art. Les faucons servaient d’offrandes et de symboles de paix entre les chrétiens et les infidèles.

03Durant la guerre de cent ans, ils ont assisté aux batailles de Crécy, de Poitiers et d ‘Azincourt, amenés par les nobles anglais et français (3).

A l’origine moyen de subsistance, la fauconnerie devint vite un art compliqué au service des rois et des princes.

0405Au Moyen Age, le faucon était un des signes distinctifs de la chevalerie. Quand un gentilhomme sortait de son château, il portait le plus souvent un faucon sur le poing, moins pour la chasse que pour faire parade de sa noblesse (4 et 5).

060708Au XIIIe siècle, une abbesse anglaise, Juliana Barnes, écrivit un traité sur les ramifications sociales et légales de la fauconnerie. Elle rapporte que, selon les lois et coutumes, chaque classe de la société féodale avait son faucon de haut vol comme symbole : seuls, les empereurs étaient dignes d’utiliser l’aigle. Les gerfauts, les plus grands et les plus rares faucons d’Europe, étaient réservés aux rois (6). Les princes utilisaient le faucon pèlerin femelle (forme) (7) et les mâles (tiercelets) étaient réservés aux comtes. Les chevaliers se contentaient respectivement que des émerillons et des hobereaux (8).

09Les basses classes de la société ne pouvaient pratiquer que la fauconnerie de bas vol au moyen d’oiseaux ignobles : autours et éperviers (9).

Juliana Barnes indique aussi que couper les mains à ceux qui osaient utiliser des oiseaux au-dessus de leur rang était un excellent moyen dissuasif !

La fauconnerie a atteint son apogée en 0ccident entre le XVIe et le XVIIe siècle et, en France, sous Louis XIII, qui était lui-même un grand fauconnier.

10La première conférence mondiale de Fauconnerie (10) s’est tenue en 1976 à Abu-Dhabi, sous la haute présidence de SA Sheikh Zayid Ben Sultan Al Nihayyan, émir d’Abu-Dhabi. Vingt­quatre pays d’Amérique, d’Europe occidentale, du Moyen et d’Extrême-Orient y participaient. Il y a encore, de nos jours, au moins quatre-vingt pays qui pratiquent peu ou prou la fauconnerie, suivant des techniques qui n ‘ont guère évolué depuis l’origine.

Le dressage des faucons en vue de la chasse est appelé affaîtage. Il consiste à canaliser les dons naturels du rapace pour qu’il travaille au bénéfice de l’homme.

Des siècles d’expériences ont généré une technique très raffinée et bien codifiée, décrite dans de nombreux ouvrages, dont le plus célèbre est le traité de Frédéric II de Hohenstauffen (1212-1250), empereur germanique et roi de Sicile, manuscrit de 1247 : De Arte venandi cum avibus (Bibliothèque nationale).

Des instruments et un vocabulaire bien spécifiques

Le dresseur utilise des instruments et un vocabulaire spécifiques.

11Le chaperon (11) est une coiffe en cuir qu’il place sur la tête de l’oiseau pour l’aveugler momentanément et ainsi lui ôter l’envie et la possibilité de voler en dehors des actions de chasse.

Il existe une grande variété de chaperons, depuis le plus usuel jusqu’à de véritables œuvres d’art, filigranées d’or et enrichies de pierreries, très prisées par les princes arabes.

12Les jets (12) sont des lanières en peau de chien que l’on fixe aux pattes de l’oiseau. Le touret est formé de deux anneaux. Il réunit les jets à la longe qui est une lanière de cuir chromé de 1,50 m de long. Ces trois éléments constituent les entraves.

Les sonnettes se fixent aux tarses de l’oiseau, au-dessus des jets. Elles servent à suivre ou repérer l’oiseau lorsqu’il est libéré.

13Le gant (13), en cuir souple doublé sur le revers, le pouce et l’index par un cripin qui recouvre l’avant-bras jusqu’au coude, est destiné à protéger la main des serres aiguës du rapace.

Les filières sont des cordelettes qui servent à retenir l’oiseau pendant l’affaîtage.

14Le bloc (14) est une pièce de bois, parfois recouverte de cuir, qui sert de reposoir au faucon pour lui éviter tout contact avec le sol. Il peut être fixe ou mobile. La perche remplit le même office.

Paru dans Le Monde des Philatélistes n° 476 – Juillet-Août 1993

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