L’exotisme entre Norvège et Islande Europe, Féroé, Pays A-F

Une

Des habitants ignorant ce qu’ils feront le soir même, des bergers et des pêcheurs au niveau de vie élevé, une société qui vit ses traditions au quotidien, une campagne verdoyante dépourvue d’arbres et des toits couverts de gazon… ce petit coin d’Europe ne manque pas d’originalité. Voyage au Féroé avec pour guides ses meilleurs ambassadeurs : ses timbres.

C’est le Saint-Pierre et Miquelon danois, un archipel isolé au beau milieu de l’Atlantique Nord vivant essentiellement de la pêche justifiant la flotille la plus importante du monde… ramenée au nombre de ses habitants: plus de 95% des exportations viennent de la mer (1) et assurent aux Féringiens un niveau de vie relativement élevé. C’est dire qu’en émettant leurs propres timbres à partir de 1975, aussi séduisants fussent-ils, ils n’ont pas cherché une importante source de revenus. Autrement, ils ne se contenteraient pas d’une quinzaine d’émissions annuelles… En fait, les Féringiens ont plutôt voulu affirmer leur culture, unique à plusieurs titres.

Voyez Torshavn, la capitale. Sur le timbre (2), elle ressemble à une métropole scandinave ordinaire. En réalité, ses 16 000 habitants en font sans doute l’une des plus petites capitales du monde. Son Parlement détient, quant à lui, le record mondial de longévité : son premier édit, voici de plus de mille ans, réglementait l’élevage des moutons (3).

Là encore, une particularité locale puisque le nombre des ovins (70000) (4) dépasse largement celui des humains (48 000). « Foroyar » ne signifie-t-il pas « îles aux moutons » ? Eux seuls et quelques rustiques poneys (5) pouvaient s’adapter à la relative rudesse du climat.

Ce n’est pas qu’il fasse froid. Bien qu’on soit à mi-chemin entre Norvège et Islande, la proximité du Gulf Stream, ce courant chaud né dans le golfe du Mexique et remontant le long des côtes d’Europe jusqu’au Cap Nord, empêche bien souvent le thermomètre de descendre sous zéro. Mais c’est le vent, présent en toutes saisons, qui rythme la vie, empêche les arbres de pousser ailleurs qu’en ville et rend la météo imprévisible (6) : il peut amener la neige le matin, le soleil à midi et un brouillard à couper à la hache le soir. Au point que tout projet doit être nuancé d’un « peut-être, si le temps le permet »…

01-0506-12Homme libre…

Si ce n’est les tempêtes capables de bloquer les chalutiers à quai pendant plus d’une semaine, ces conditions atmosphériques ne gênent personne. Bien à l’abri dans leurs maisons traditionnelles sur le toit desquelles ils font parfois encore pousser de l’herbe pour les isoler de l’humidité (7),les habitants des villages éparpillés dans la nature (plus de la moitié de la population!) filent la laine, l' »or des Féringiens », qui servira à tricoter les pulls traditionnels (8) ou passent de longues heures à lire : presque tous les grands hommes timbrifiés sont des écrivains ou des grammairiens (voir encadré « Europa ») de cette langue unique, mélange d’islandais et de norvégien !

Le retour de la belle saison annonce celui de nombreuses fêtes : des farandoles (9) réunissant tous les villages alentour, de grandes chorales reprenant des chants inchangés depuis le moyen-âge, sans oublier le sport national : les courses d’aviron (10) sur des barques de pêche construites selon les plans des drakkars vikings (11). Rien de folklorique dans tout cela : le modernisme n’a touché les côtes féringiennes qu’au début du siècle et n’a pas réussi à supplanter le mode de vie traditionnel ! Même la chasse au globicéphale (12), une sorte de petite baleine, n’a qu’un seul but, assurer la subsistance de la population.

Les Féringiens sont trop dépendants de la nature pour ne pas avoir fait leur ce vers du poète « Homme libre, toujours tu chériras la mer »…

Europa

 

Europa 1980
Des raretés toujours de second choix

Froissés, déchirés, tachés, ces timbres n’en valent pas moins 8000 F à eux deux !
Ce sont des non émis de 1980 miraculeusement rescapés de la destruction.
Les ayant trouvés laids, la Poste préféra émettre une nouvelle version, monochrome,
laquelle ne cote que quelques francs. Les rarissimes non émis portent toujours
les stigmates du brasier d’où ils ont été retirés.

 

 

 

Oiseaux

 

 

Paradis des oiseaux

Au tableau des records les Féroé détiennent celui du plus important
pondoir d’Europe. Chaque année, guillemots, macareux, fous de Bassan,
albatros et bien d’autres espèces viennent par millions nicher sur les côtes
abruptes de l’archipel. Au point que le tjaldur, la pie de mer,
est devenu l’animal emblématique des Féringiens.

 

 

 

Paru dans Timbroscopie n° 112 – Avril 1994

L’exotisme entre Norvège et Islande
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