Le mystérieux timbre du FLN Afrique, Algérie, Outre-mer

Une

Le 1er novembre 1962 est un jour de liesse en Algérie: on fête l’indépendance acquise le 1er juillet précédent mais, surtout, l’anniversaire de l’insurrection ; cette Toussaint rouge où, huit ans plus tôt,. soixante-dix attentats perpétrés dans tout le pays déclenchent ce qu’on appela la Guerre d’Algérie…

Timbre

 

 

 

Le timbre le plus rare de l’Algérie moderne :
émis clandestinement, les autorités algériennes
l’ont officialisé en le faisant vendre dans leurs bureaux.

 

 

 

 

Liesse également dans les bureaux de poste puisque la première série de la « République algérienne » est émise : cinq timbres imprimés par les Français reprenant, dans des couleurs différentes, des sujets parus en 1959 en métropole : Foum el Cherza, Médéa, Kerrata, Tlemcen et Hassi Messaoud.

Il est 17 h 40 dans le bureau de la RP d’Alger lorsqu’on apporte au guichetier une liasse de feuilles de grandes vignettes de couleur verte.

Quelques mots rapides sont échangés avec l’étrange commissionnaire qui quitte la salle sans se retourner… L’employé s’empare alors de la première feuille, égrène les timbres et en propose au premier client devant son guichet.

« C’est 10 NF, dit-il sans sourciller, en voulez-vous un autre ? »

Mais ce n’est pas tant le prix assez élevé qui inquiète le collectionneur, c’est de savoir s’il s’agit bien d’un « vrai » timbre car son aspect est assez peu engageant. Arrive là-dessus le receveur principal du bureau qui « découvre » lui aussi cette vignette verte. L’employé lui glisse quelques mots et, du coup, c’est un large sourire qui naît sur le visage jusqu’alors perplexe du receveur.

« Bien sûr que c’est un vrai timbre, dit-il avec assurance, sinon nous ne le vendrions pas ici, à la Poste d’Alger. C’est le vrai timbre de la République algérienne et la surtaxe sert à collecter des fonds pour le refuge des orphelins de guerre de Choudada. Tu peux continuer », conclue t-il à l’adresse de l’employé et il sort. Le téléphone « arabe » étant ce qu’il est, la nouvelle de ce timbre imprimé avec des moyens improvisés par le FLN fusa comme une traînée de poudre dans Alger la Blanche et même jusqu’à Oran et Constantine car le petit stock de 513 feuilles de 25 (12 825 timbres) avait été partagé en trois. Tout fut épuisé en moins de temps qu’il ne faut pour le dire… Et les reventes et les rachats successifs entre collectionneurs portèrent rapidement son prix aux environs de 60 NF (360 F d’aujourd’hui !).

Reconnu par les catalogues français comme étrangers, ce timbre du FLN cote aujourd’hui plus de 2500 F à l’état neuf (une bonne affaire même pour ceux qui l’ont payé au prix fort à l’époque). On ne le connaît pas oblitéré et on ne l’a jamais vu sur lettre. Sans doute le montant de la surtaxe et le risque de le perdre ont-ils empêché les collectionneurs de se l’adresser. Quoi qu’il en soit, ce timbre est rare et manque dans beaucoup de collections. N’hésitez pas à l’acheter si vous le voyez passer.

Paru dans Timbroscopie n° 82 – Juillet-Août 1992

Le mystérieux timbre du FLN
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