200 timbres qui se renvoient la balle Autres spécialités, Thématiques

Une

Avec cent soixante-six timbres et vingt-sept blocs feuillets, le tennis de table est à la tête d’une collection plus développée qu’il n’y paraît. A l’image de ce sport aussi discret que populaire, qui rassemble en France quatre mille sept cents clubs, cent vingt-cinq mille licenciés et deux millions de joueurs de tous niveaux. A peu près aussi nombreux que les philatélistes…

Cachet précurseur

Cachet« Tisch-tennis », lit-on sur cette oblitération de 1937, apposée à l’occasion des onzièmes Championnats du monde organisés à Baden, en Autriche. Une mention qui fait de ce pli le précurseur de la collection. Le cachet temporaire était-il officiel ? Les Autrichiens l’affirment, les Allemands en doutent. La pièce, en tout cas, est rare aujourd’hui. Et l’affranchissement en lui-même est intéressant. Ces timbres font partie d’une série à forte surtaxe émise en 1936 pour les Championnats du monde de ski d’Innsbruck : de bons semi-­modernes aujourd’hui.

Ping-pong, base-ball : même combat

Base-ballC’est en 1948 qu’apparaissent au Nicaragua les premiers timbres consacrés au ping-pong. Dans une série dédiée au sport amateur à l’occasion des Xe championnats de base-ball à Managua. Deux timbres et deux blocs (Poste et Poste aérienne) mettent en scène les premiers pongistes de l’histoire de la philatélie.

 Première commémoration officielle

PremiereRoumanie, 1953 : les vingtièmes Championnats du monde de tennis de table donnent lieu à la première émission expressément consacrée au ping-pong. Cette année-là à Bucarest, les Chinois font leur première – et discrète – apparition en compétition.

 Faute de flamme…

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Faute de flamme, envisagée trop tard, les Internationaux de Tours, en 1958, ont eu· leur vignette (1). Vignette privée mais pas courante sur lettres. La première flamme pongiste en France a été mise en service douze ans plus tard, à Bernaville, dans la Somme, à l’occasion d’un « Gala du ping-pong » (2).

 

 

 

Le timbre français

1977 : l’année du cinquantenaire de la Fédération française de tennis de table, Jacques Secrétin et Claude Bergeret remportent le Championnat du monde de double mixte, à Birmingham (Grande-Bretagne). Une victoire historique, qui vaut alors aux deux Français une gloire nationale, et renforce la popularité du ping-pong en France.

FrancaisL’ occasion était double, pour la Poste, d’émettre un timbre, le seul que la France ait consacré jusqu’ici à ce sport. L’illustration amusa à l’époque le champion du monde, qui ne reconnut aucun de ses gestes sur le timbre. De fait, sa position, bras cassé, y évoque plus une danseuse indienne qu’un pongiste de haute compétition… Jean Devys, vice-président de la Fédération française de tennis de table, confirme : la situation de jeu n’est guère crédible. Trois joueurs ont leur raquette levée alors qu’un seul devrait être en position d’attaque. La partenaire de Secrétin, en particulier, devrait avoir son bras en bas pour s’apprêter à contrer. Quant à celui censé « remettre » la balle que lui envoie Secrétin, sa posture ne ressemble à rien de connu : il aurait bien du mal à renvoyer correctement quelque balle que ce soit…

 Des champions et des timbres

Champion01Quand la Suède émit ce timbre (1), pour les Championnats du monde 1985, elle choisit pour l’illustration l’un de ses espoirs nationaux : Jane-Ove Waldner. Bon choix : Waldner parvint en finale lors des Championnats de 1987 et décrocha la victoire en 1989. Les championnats ayant lieu tous les deux ans, il est l’actuel champion du monde. En attendant la prochaine rencontre au Japon, l’an prochain.

Champion02Quant à ce timbre belge (2), émis pour les Jeux olympiques de Séoul, il représente un autre joueur suédois, Mikael Appelgren, champion d’Europe 1988 en double messieurs (avec Waldner). La position du Suédois est typique de son jeu de demi-volée : le jeu que pratique également le Français Secrétin.

 Top spin : le coup le plus populaire

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Sur ces deux timbres : deux phases du top spin, le coup le plus utilisé dans le ping-pong actuel. Le principe : donner un mouvement de rotation (« spin ») à la balle, en la prenant de l’arrière vers le sommet (d’où le « top »). On voit sur le timbre russe (1) la position préparatoire, et sur le tchécoslovaque (2) la fin du geste. Dans la famille des top spin, il existe de nombreuses variantes : en coup droit ou en revers, frappé (quand la balle est en phase montante), à effet (en phase descendante). Il existe même le faux top spin et – suprême difficulté – le contre-top spin, qui permet de renvoyer toute la force et la rotation de la balle : très délicat mais imparable.

 

 

 

Prise porte-plume, prise orthodoxe

Prise01-02 Prise03-04 Deux grands types de prise au ping-pong, que l’on retrouve sur les timbres : la prise porte-plume, dite aussi « chinoise », bien qu’elle ait été inventée par les Hongrois, avant d’être introduite en Chine par les Anglais, dans les anciens comptoirs coloniaux. Dans cette prise, l’index et le majeur sont tendus sur le revers de la raquette : très visible sur le timbre de Corée du nord (1). Avantage : la prise porte-plume permet une grande rapidité de geste. Inconvénient : elle limite en règle générale le jeu aux coups droits, excepté pour les « blocs » de parade au jeu d’attaque comme sur ce feuillet de Corée du Sud (2), et pour le service, qui peut être effectué en revers : timbre de Lybie (3) et de Corée du Nord (4).

Prise05La prise porte-plume, adoptée uniquement par les pays asiatiques, est en régression, au profit de la prise orthodoxe pratiquée dans tous les autres pays, comme sur ce timbre de Berlin (5).

 Cinquante millions de pongistes chinois

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Des cinq continents l’Asie est celui qui a fourni le plus de timbres à la collection. La Chine, en particulier, avec de nombreuses séries groupées émises au fil des victoires remportées en compétitions internationales (1 et 2). Notamment aux Championnats du monde de Ljubljana en 1965 (cinq médailles d’or sur sept épreuves) et de Novi-Sad en 1981 (le « grand chelem », avec sept médailles d’or).

Cinquante03Cinquante04En Chine, où l’on compte de quarante à cinquante millions de joueurs à un niveau de compétition, le ping-pong est l’un des sports les plus pratiqués. C’était même le sport numéro un dans les années 1950-70, avant que la Chine ne commence à s’intéresser aux sports olympiques. Sur timbres, on retrouve le ping-pong maintes fois associé à la propagande des années Mao : raquette aux côtés de Chinois radieux lisant le Petit livre rouge (3) ; ping­pong symbole de fraternité entre les peuples lors des tournois Afrique-Asie et Afrique-Asie-Amérique latine, organisés en Chine (4 et 5),etc,

 Le plus cher

PlusCherAvec 1000 F de cote, ce bloc de Chine est la pièce la plus chère de la collection. Une valeur largement méritée, lorsqu’on sait que le tirage était de 30 000 exemplaires seulement, et que les timbres de Chine sont très prisés à l’étranger, en particulier aux USA et en Grande-­Bretagne. L’émission remonte à 1961: dans la liste des blocs-feuillets chinois, celui-­ci précède le bloc que nous présentions en couverture au mois de novembre, dans notre série : « Les plus beaux timbres du monde ». Les timbres composant le bloc ont été également émis en feuilles, mais sont plus communs.

 En attendant Barcelone

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Certes, le ping­pong n’est pas le football, avec ses déluges de – timbres se déversant sur les collectionneurs à chaque championnat du monde. Mais la petite raquette, à son échelle, n’échappe pas au succès des émissions thématiques. L’approche des prochains Jeux de Barcelone suscite déjà quelques retombées. Témoin, ce feuillet du Togo à tirage limité (1000 exemplaires), promis à une spéculation certaine (1).

Barcelone02Même politique spéculative aux Comores, où le ping­pong figure sur deux blocs « Barcelone » (de trois ou six timbres).En fait de ping-pong le joueur semble plutôt pratiquer ici le tennis (2), en tenant sa raquette à deux mains dans une position de fond de court : totalement invraisemblable autour d’une table…

 

Les grandes dates du ping-pong

1880 Apparition en Angleterre de l’ancêtre du ping-pong, se jouant avec une balle en liège ou en caoutchouc.

 

1897 Premiers championnats nationaux en Hongrie.

1901 Invention aux Etats-Unis de la balle en celluloïd. Les Anglais l’adoptent et baptisent le jeu ping­pong, par analogie avec le son que rend la balle creuse contre le bois des raquettes et de la table. Le ping-pong connaît une certaine mode, qui s’essouffle dans les années 1910.

1921 Le jeu de loisir est transformé en sport par les Anglais, qui organisent leur premier championnat national. Le nom de ping-pong, propriété d’une marque de matériel, est remplacé dans les compétitions par celui de tennis de table.

1924 Apparition de la raquette avec revêtement caoutchouc à picots.

1926 Création de la Fédération internationale de tennis de table.

1927 Dix clubs parisiens fondent la Fédération française. Premiers championnats nationaux organisés la même année.

 

Années 50. Apparition des raquettes avec revêtement en mousse, plus rapide que les picots sur bois. Les nouvelles raquettes changent le jeu et le placement par rapport à la table : la surface lisse permet de « brosser » les balles de bas en haut (« top spin »).

1988 Le tennis de table est inscrit au programme des Jeux olympiques. Sur quatre médailles d’or, deux sont remportées par la Corée du Sud, deux par la Chine.

Paru dans Timbroscopie n°76 – Janvier 1991

 

 

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