L’art de transformer les restes Autres spécialités, Méthodologie

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Lorsque l’on achète un timbre, une lettre ou tout autre document postal à un professionnel, on est en droit de le faire sereinement, puisque l’objet en question est garanti « authentique ». Hélas, cette garantie est, de nos jours, très galvaudée. Trop de faux et truqués circulent sur le marché. Plus grave encore : certains sont proposés à la vente en toute connaissance de cause par des vendeurs peu scrupuleux essentiellement sur le Net et ses célèbres ou ventes aux enchères.

Le but de cet article n’est pas de révéler gratuitement certains aspects nauséabonds du microcosme philatélique mais de lancer un pavé dans la mare afin :

– d’inciter le lecteur )à la prudence et à la réflexion ;

– de promouvoir l’expertise et, surtout, la contre-expertise systématique de toute acquisition de valeur ;

– et d’inviter peut-être certains à retrouver un sens (perdu ?) de l’éthique ?

Authentique, faux ou truqué ?

Tout objet philatélique (timbre, lettre ou autre document postal) peut être : authentique, faux ou truqué.

  • L’authenticité

Un objet « authentique » est un objet dont la réalité et l’origine ne peuvent être contestées, c’est ubn objet « vrai ». Certains se sont -ou ont été-altérés avec le temps. Un objet authentique peut donc être en plus ou moins bon état. Idéalement on ne devrait collectionner que des objets authentiques dont l’état de conservation soit le plus proche de l’état original. Dans certains cas, c’est difficile, voire impossible. C’est aussi une question de coût et de budget. Un Vermillon vif authentique, neuf et dans un état de conservation exceptionnel vaut 150 000 euros ; une « épave » du même timbre à peine 1500 E. Les défauts et restaurations devraient normalement être signalés à l’acheteur. C’est loin d’être une règle admise par tous les vendeurs, malheureusement…

  • Les faux

Ce sont des pièces qui ne sont pas ce qu’elles semblent être et qui, contrairement aux truqués, sont fabriquées de A à Z, à l’aide de matériaux non originaux.

On distingue deux catégories de faux : les faux pour tromper les philatélistes et les faux pour tromper la poste.

Faux pour tromper les philatélistes

Ces copies sont, comme leur nom l’indique, conçues pour abuser le collectionneur. Ce sont dans la plupart des cas des imitations de timbres onéreux car leur production nécessite de gros investissements en temps et en matériel. La plupart des faux pour tromper les philatélistes sont des imitations de timbres classiques typographiés ou lithographiés du XIXe siècle (faux vermillon (1), fausse Colombe de Bâle) mais aussi du XXe siècle, comme les très belles contrefaçons des blocs-feuillets n°1, 2 et 3 de France. Ils sont de qualité fort inégale. Heureusement, le faux « parfait » n’existe pas et surtout, n’existera jamais. Ce qui est rare est souvent imité mais jamais égalé ! il est en effet impossible, même au plus talentueux des faussaires, de confectionner un cliché parfait, d’obtenir tous les « ingrédients » nécessaires à la fabrication de l’original (papier, encre, gomme, etc.) et surtout de retrouver le mode opératoire, le tour de main de l’imprimeur. Tous les faux sont et seront toujours décelables. Malheureusement tous les experts ne sont pas à même de le faire et c’est là le problème…

Il y a quelques dizaines d’années, Jean de Spérati, faussaire de talent, a ainsi abusé la plupart des experts de son époque. Les faux pour tromper les philatélistes n’ont aucune valeur philatélique. Certains faux de grande qualité, réalisés par de très célèbres faussaires (Spérati, Paul, etc.) ont un intérêt philatélique et une valeur commerciale et documentaire non négligeables, compte tenu de leur qualité et de leur historie. Les faux ont également un rôle anxiolytique chez certains « philatélistes » : ils les délivrent artificiellement de l’angoisse de la case blanche…

Faux pour tromper la poste

Nous entrons là dans un tout autre domaine. Ces faux, également appelés faux pour servir, sont également des imitations mais cette fois conçues afin d’être utilisées par l’usager pour tromper l’administration postale. Jusqu’à ce jour, les faussaires français ont toujours imité le timbre d’usage courant servant à affranchir la lettre du 1er échelon de poids pour l’intérieur. Un best seller garantissant de jolis bénéfices ! Les reproductions, généralement typographiées « à plat » ou imprimées en offset, sont proposées en gros à certains gérants de bar-tabac, à bas prix (1,50F au lieu de 3F pour le dernier TVP au type Marianne de Briat). La plupart de ces faux sont recherchés par les collectionneurs. Quelques-uns sont excessivement rares, comme certains faux pour tromper la poste de Lombardo-Vénétie. Ce qui devrait arriver arriva : ils ont été imités ! Nos voisins transalpins sont ainsi menacés par de faux faux « pour servir » qui ne sont rien d’autre que… des faux pour tromper les philatélistes !

Pascal Marziano

 

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Faux 1F Vermillon. Il est imprimé en offset. L’original est typographié. Tout expert qui se respecte doit maîtriser à la perfection les procédés d’impression (nature, aspect, etc.) car les faussaires utilisent rarement le procédé d’impression original pour arriver à leur fin.
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