Monaco : Le plus beau jardin philatélique du monde Autres spécialités, France, Monaco, Andorre, Thématiques

Une

Sur les timbres, dans les allées de la Principauté ou entre les rochers du Jardin Exotique, les fleurs ont envahi Monaco. A en faire rêver les botanistes – et les collectionneurs spécialisés…

01-02Au commencement était un petit bout de terre, de sable et de rocher au bord de la Méditerranée. La nature recèle parfois de véritables ilôts de paradis. La baie de Monaco, bien protégée des vents violents par les derniers contre­forts des Alpes-Maritimes, baignée de soleil, a toujours été un havre de paix pour les navigateurs… et la flore méditerranéenne, qui s’y épanouit dans toute sa richesse, en toute liberté. Vivace et abondante, la lavande répand son parfum délicat sur les terrains calcaires (1). Transporté – depuis fort longtemps – de la lointaine Australie, le mimosa s’accommode fort bien de la douceur du climat et n’hésite pas à laisser éclore ses multiples fleurs jaunes en plein hiver (2).

03Thym et romarin poussent à l’ombre des oliviers et des caroubiers. De cette nature dont la main de l’homme n’a pas encore vraiment modifié le cours, un «timbre-jardin» de l’entre-deux guerres nous donne un aperçu – une vague idée seulement, car la monochromie ne convient pas précisément à ce genre d’illustrations. Sur ce 1,50 F de 1937 (3), envahissant peu à peu les fortifications – depuis longtemps hors d’usage – construites par Antoine 1er, les pins sylvestres ont remplacé les hommes en armes des Grimaldi, l’asphodèle pousse désormais sur les chemins de ronde.

04Dans cette même série semi-moderne, qui offre tout de même l’avantage de fondre dans les mêmes images végétation et paysages, la mue de la Principauté apparaît peu à peu. Palmiers, bananiers, araucarias venus d’autres contrées trônent sur l’ancien plateau des Spélugues, l’actuel Monte-Carlo (4).

 

Les stars du Jardin Exotique

05Mais il est un endroit où les essences exotiques, loin de se mêler à la flore locale, règnent sans partage et vous emportent dans les contrées semi-désertiques de l’Arizona ou sur les hauts plateaux du Mexique, au royaume des plantes «succulentes» vulgairement appelées «grasses» par le commun des non-botanistes, nous voulons parler bien sûr du Jardin Exotique (5).

Accrochées aux pentes abruptes de l’Observatoire, au-dessus de la mer, profitant de la chaleur accumulée par la rocaille , des centaines d’espèces composent un univers étonnant, où dominent les cactées, ces plantes dépourvues de feuilles pour éviter l’évaporation et conserver dans leurs formes rebondies le maximum de sève (jusqu’à 3.000 litres pour les cierges de l’Arizona !).

06-10Nous vous épargnerons les innombrables et interminables noms latins, mais sachez que toutes ces choses bizarres hérissées d’aiguilles – mais aussi de superbes fleurs qui poussent généralement la nuit – sont de véritables stars philatéliques, rendues d’ailleurs de plus en plus séduisantes au fur et à mesure qu’ont évolué les techniques de fabrication des timbres-poste. Rien de commun, en effet, entre les austères vues générales du Jardin Exotique des années 40 (6), et les chatoyantes séries de 1960 (7) et, surtout, 1974 (8) puis 1982 (9 – 10), où l’impression polychrome nous offre un festival de couleurs.

 

Tout ce qu’un thématiste peut imaginer

11Dans le Monaco moderne – et, par un mouvement parallèle, sur les timbres des trente dernières années – , les fleurs sont plus que jamais omniprésentes. Symboles de la beauté et de l’agrément de la Principauté, du plaisir de vivre dans ce royaume d’opérette, facteurs déterminants de son attrait touristique et, à ce titre, autant dignes de respect que l’industrie du Jeu où les ébats riches en retombées médiatiques de la princesse Caroline (auréolée de roses en compagnie de son frère Albert sur ce «Charte des enfants» de 1963 (11).

Ainsi, à deux pas des figuiers de Barbarie du Jardin Exotique (à Monaco, tout est à deux pas), les allées Boulingrins qui mènent au Casino resplendissent de motifs floraux d’une incroyable richesse – renouvelés tous les mois, s’il vous plaît.

12-17Philatéliquement parlant, l’art et les grands talents de la décoration florale s’expriment chaque année dans le traditionnel «concours international de bouquets» et dans les timbres concomitants. A peu près tout ce qu’un thématiste peut imaginer comme fleurs poussant sous nos climats tempérés se trouve réuni dans ces bouquets philatélique : mimosa et myosotis en 1973 (12), violette et chèvrefeuille en 1974 (13), sans parler de toutes les fleurs séchées (14) et compositions diverses qui ont eu brillé dans ce très gracieux concours (15 – 16 -17).

18-24Non moins traditionnelles, les Floralies Internationales organisées chaque année par la Principauté fournissent elles aussi matière à abondantes émissions florales. Il s’agit généralement de «timbres­-tableaux», comme souvent, du reste , pour les émissions «concours de bouquets». Tout le gotha de la grande peinture y est passé. Citons pêle-mêle Dufy (18), Van Gogh. (19, 20 et 21) Cézanne (22), Bosschaert (23), Redon (24)…

 

Grace, Caroline et Stéphanie

25-27Grace de Monaco fit beaucoup pour les magnificences florales de la Principauté. L’ancienne grande star de cinéma savait à merveille façonner et entretenir une image de beauté absolue, qui confondait dans une même vision de rêve la princesse et son décor, son royaume. Rien d’étonnant donc si tout un florilège d’espèces parmi les plus raffinées porte son nom, jusque sur les timbres bien évidemment : œillet (25) et rose «Princesse Grace», en 1959, sur la première série monégasque expressément consacrée aux fleurs, orchidée et rose (26), en 1979… Les princesses Caroline et Stéphanie ont , elles aussi, un timbre­fleur à leur nom : œillet pour la première, rose pour la seconde (27).

Sur terre et sous la mer

28-29Cette promenade monégasque ne serait pas tout à fait complète sans les habituels à-côtés philatéliques, les timbres «indirects» dont les thématistes aiment à orner leurs albums. On ne peut pas, en effet , ne pas s’attarder pour finir devant ce touchant dessin d’enfant de la Principauté (pour l’Année Internationale de l’Enfance en 1979 (28), devant cette non moins naïve fleur Europa enchâssant un pistil frappé aux initiales de la CEPT (29) et, surtout, ces somptueuses «fleurs sous­ marines» , anémones de mer et autres joyaux de corail (30 – 31) – dont on se demande toujours si elles ont grandi sous la mer ou sur terre, tant leurs couleurs et leurs formes semblent révélées, animées par le soleil et le vent. Comme pour prouver que, même dans le secret des flots méditerranéens, Monaco· reste et restera toujours le paradis des fleurs…

30-31Paru dans Timbroscopie n° 14 – Mai 1985

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