Sierra Leone: mais où sont les timbres d’antan ? Afrique, Outre-mer, Sierra Leone

Une

Comme son nom ne l’indique pas, la Sierra Leone est anglophone. Pendant plus de 100 ans, de 1853 à 1961, ce petit pays africain fut protectorat puis colonie britannique. Il y a sans doute gagné un goût certain pour le non-conformisme tout comme il a acquis de son voisin, le Liberia – seul Etat africain à ne jamais avoir été colonisé -, un grand amour de la Liberté et un grand respect, si l’on en juge par certains de ses timbres, pour les Droits de l’Homme auxquels il consacre régulièrement des émissions.

01Un 7 cents émis en 1966 pour le 5ème anniversaire de l’Indépendance.

Cet anti-conformisme, on le pratique à Freetown, la capitale, dès 1964 lorsque l’on décide : primo que les timbres n’ont aucune raison d’être toujours tout bêtement rectangulaires, triangulaires, voire carrés ; et secondo qu’à l’ère du scotch et de l’auto-adhésif, la colle n’est qu’une survivance d’un autre âge.

Résultat : deux séries présentées sous forme d ‘étiquettes adhésives fixées sur un support que l’on jette· dès qu’on l’a séparé du timbre, et de forme qu’il me faut bien me résoudre à ne pas décrire mais que vous voyez ici. Les sujets sont courants et utilisés dans bien des pays en voie de développement : l’Expo de New York et la mort de Kennedy.

A partir de cette coupure avec la tradition, plus de limite à l’imagination débordante des Sierraleoniens (si tant est qu’on les dénomme ainsi) : aigles aux ailes déployées donnant leur forme aux timbres qui les supportent , formes géométriques étranges, ovales, écussons fantaisie, cartes d’Afrique découpées, ronds fleurissent au fil des années.

02

L’une des 84 figurines émises pour l’Année internationale des Droits de l’Homme en 1968.

03Deux valeurs d’usage courant de 1967 et 1965.

L’imagination au pouvoir

Le papier tout bête de nos timbres rétrogrades laisse place au métallisé (mais c’était du déjà vu), qui s’orne de reliefs audacieux, de teintes fluo.

Nous voilà bien loin du strict Penny Black, et le pauvre Rowland Hill, s’il revenait sur terre, aurait du mal à reconnaître les neveux de son invention. Une seule constante cependant : la fidélité à l’auto-adhésif.

Timbres de fantaisie, direz-­vous ? Voire. Ceux que nous reproduisons dans cet article sont pour la plupart passés par la poste, gagnant ainsi leurs galons de « vrais» timbres. Du reste les catalogues les cotent. Pas très cher, il est vrai.

Un certain Leone , Sergio de son prénom, a inventé avec succès le «western spaghetti». La Sierra du même nom, qui s’intitule modestement «Terre du fer et du diamant », a inventé le timbre multiforme qu’elle vend aux collectionneurs du monde entier. Un bon moyen de transformer en devises (des dollars de préférence) ses «leones» , car tel est le nom de la monnaie de cet étrange pays qui ouvre désormais au tourisme ses grands espaces et ses plages.

05Un timbre encore libellé en monnaie britannique.

06« Noix de coco et diamant » de 1970.

Paru dans Timbroscopie n° 11 – Février 1985

Sierra Leone: mais où sont les timbres d’antan ?
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